Polémique autour des Minarets en Suisse Le Temps-Agences - Le directeur d'un des plus prestigieux musées de Venise a adressé des excuses à une musulmane à qui un gardien avait demandé de quitter les lieux parce qu'elle avait le visage couvert d'un voile. L'incident, qui a relancé une controverse dans les médias italiens et des polémiques entre représentants du centre gauche et du centre droit, s'est produit dimanche au musée de la Ca' Rezzonico, voué à l'art vénitien du XVIIIe siècle. "Je suis désolé de ce qui s'est passé et si elle souhaite revenir dans notre musée, elle y sera la bienvenue", a déclaré par téléphone à Reuters le directeur Filippo Pedrocco. La visiteuse, venue avec son mari et ses enfants, avait passé un contrôle de sécurité avant d'entrer dans l'édifice. Au deuxième étage, un gardien lui a fait savoir qu'elle devait retirer son "niqab", qui ne laisse apparaître que les yeux, ou s'en aller. "Le gardien de salle a commis un excès de zèle. Il n'aurait pas dû le faire. Elle avait déjà subi un contrôle et son seul devoir à lui était de veiller sur les oeuvres d'art exposées dans la salle", a dit Pedrocco. La femme appartiendrait à une riche famille d'un Etat du Golfe en visite à Venise. Elle a refusé d'ôter son voile et a quitté le musée, qui donne sur le Grand Canal et abrite des oeuvres de maîtres vénitiens comme Giandomenico Tiepolo. La législation antiterroriste italienne, qui date des années 1970, interdit le port de vêtements couvrant le visage, mais elle est rarement appliquée aux voiles islamiques. Certains médias ont rapporté que le gardien, dont Pedrocco a dit qu'il travaillait à temps partiel et était employé par une firme de sécurité privée, serait sanctionné, voire limogé. Mais des représentants de la Vénétie, région où l'immigration musulmane suscite des tensions, ont qualifié le gardien de héros. Le sénateur Roberto Castelli, membre de la Ligue du Nord (anti-immigration), a ainsi demandé au ministre de la Justice de veiller à ce qu'il ne soit pas sanctionné "pour avoir fait son devoir et veillé au respect de la loi". Par ailleurs, le Conseil fédéral suisse prône le rejet de l'initiative "contre la construction de minarets". Il a adopté hier un message en ce sens à l'intention du Parlement, moins de deux mois après le dépôt du texte. Pour le Conseil fédéral, l'initiative viole les droits de l'homme consacrés par le droit international et va à l'encontre des valeurs essentielles de la Constitution suisse, explique le Département fédéral de justice et police (DFJP). L'interdiction visée mettrait en péril la paix religieuse et ne contribuerait nullement à endiguer la diffusion de thèses fondamentalistes religieuses. L'initiative "contre la construction de minarets" avait été déposée le 8 juillet dernier, forte de 113.540 signatures. Ses auteurs veulent interdire la construction de minarets en Suisse, ces édifices étant, à leur sens, les symboles d'une revendication de pouvoir politico-religieuse qui remet en question la Constitution et le régime politique suisse