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Les promesses de M. le Maire ...
Infrastructure
Publié dans Le Temps le 02 - 09 - 2008

*En pleine zone urbaine, les habitants d'une grande avenue rêvent d'asphalte et de dalles. Et puisque l'habitude est une seconde nature, les habitants ont appris à faire avec...et à aménager un code urbain à eux...
Qui annexe le trottoir à sa maison ; qui fait incorporer une partie de la chaussée à sa boutique...Entre temps, les édiles municipaux sont en plein dans le sommeil du juste..
Dans ce monde complexe par sa composition trop recherchée, inextricable par ses chemins labyrinthiques, incompréhensible par son illogisme, indifférent par son égoïsme, injuste par ses discriminations, insensé par ses besoins superflus, insultant par sa grande pompe, cruel par sa misère grandissante, il est évident que les attitudes que nous adoptons, les projets que nous arrêtons et les vœux que nous formulons sont différents voire opposés. La diversité de nos comportements est la résultante de nos fortunes diverses : le riche veut faire fructifier son trésor, l'homme de condition moyenne essaye d'améliorer sa situation pour ne pas dégringoler et tomber au plus bas de l'échelle et le pauvre fait tout son possible pour subvenir à ses besoins, pour rester en vie.
De même, celui qui réside dans un quartier chic tient à lui ajouter une touche exotique pour en faire son petit coin de paradis, les autres, tous les autres ont des rêves modestes, très modestes tels qu'avoir des chaussées et des trottoirs devant chez eux. Certains d'entre eux, chanceux, parviennent à exaucer ce souhait, le reste des citoyens n'ont qu'à s'inscrire sur la liste d'attente et s'armer de patience. Comme on le voit, on n'a pas tous les mêmes projets, l'espoir que caresse chacun de nous dépend de sa condition sociale.
Les habitants d'une grande avenue de la localité de Laâouina, par exemple, font partie de cette deuxième catégorie. Cela fait des années qu'ils rêvent de marcher sur de l'asphalte. Ce rêve dure depuis plus de vingt ans, à chaque fois qu'il était sur le point de s'estomper par le temps, d'être abandonné à cause de la très longue durée, il était prolongé, réanimé par le nouveau responsable qui promet toujours monts et merveilles et le désespoir laissait place à l'espoir ; ils ont pu survivre à la désespérance grâce à ces promesses renouvelées. Ce qui les rend intéressantes c'est qu'elles ne reviennent jamais avec le même look, chaque fois elles apparaissent plus belles, plus passionnantes qu'elles ne l'étaient, puisque le nouveau maire promet davantage que son prédécesseur, elles ont pris une autre dimension avec le temps.

Une avenue en symbiose
Cette avenue qui est la deuxième grande artère de la localité offre un paysage pittoresque. Elle vit en symbiose avec la nature, signe de sa grande vitalité : l'hiver, elle prend l'allure d'un champ labouré, prêt à recevoir les semences ; les habitants sont transposés dans le monde de la campagne tout en étant en pleine ville, ce qui est une chance ; l'été, elle change de couleur, la boue cède la place à la poussière, la fraîcheur à la pâleur, et quand le vent souffle, l'ambiance devient saharienne, elle leur rappelle les tempêtes de sable. Donc, plus l'année avance, plus ils se déplacent dans l'espace, du nord, ils se dirigent vers le sud ; ils effectuent des mouvements migratoires sans bouger de leurs places, vraiment ils ne s'ennuient pas.
Ces habitants disposent d'un statut amphibie, le mot doit être appréhendé ici dans ses deux acceptions, au propre et au figuré : l'hiver, quand l'avenue devient comme un lac, ils marchent indistinctement sur le sol et dans l'eau, tous les terrains leur sont praticables tellement ils en ont pris l'habitude ; et d'autre part ils appartiennent à l'urbanité par les impôts et au monde rural de fait. Ils voudraient savoir à quel camp ils appartiennent, dans le cas où on décide qu'ils appartiennent à cette seconde sphère, ils demandent qu'on déclare l'artère propriété privée et qu'on donne à chacun des riverains la liberté d'aménager une piste pour son usage personnel, comme à la campagne, ainsi ils pourraient au moins préserver leurs chaussures des éclaboussures et s'épargner la peine de les cirer deux ou trois fois par jour. En fait, le nombre de fois dépend de celui des traversées, chaque fois qu'ils passent d'un trottoir à l'autre, ils sont obligés de passer un coup de brosse à leurs godasses.

Liberté
Rien, dans cette artère, ne vous donne l'impression que vous êtes dans une zone urbaine. Les habitants ont toute liberté d'en disposer comme ils l'entendent : celui qui n'a pas l'espace qu'il faut pour construire ses escaliers, il a la possibilité d'annexer le trottoir à sa maison, et le commerçant qui juge que celui-ci n'est pas assez large peut, s'il le désire, y incorporer une partie de la chaussée.
Il y a pire, certains trottoirs sont comme des dalles tellement elles sont élevées, et ni les piétons ne peuvent les utiliser, ni les voitures ne peuvent y être garées, ils dépassent de beaucoup les portières en hauteur. Ces trottoirs nous rappellent les dalles que réclame le Penseur de RODIN, le rival de Raymond DEVOS, au nom de ses compères, en se rendant au musée de l'homme. Dommage que DEVOS n'ait pas connu cette avenue, autrement il aurait épargné toute cette énergie, tout ce militantisme à notre délégué syndical en lui proposant des dalles toutes faites, des dalles qui seraient pleinement satisfaites en accueillant ces statues, puisqu'elles se rendraient, dans ce cas, utiles et seraient esthétiquement acceptables. Les habitants de cette avenue n'épousent pas les mêmes prétentions que le Penseur, ils ne réclament pas des droits, tout ce qu'ils demandent c'est qu'on leur définisse leur statut : ils sont dans la ville ou bien à la campagne.
Cette avenue ressemble à la caverne de Ali Baba par ses richesses et son désordre, vous y trouvez de tout. Par exemple, si vous cherchez des métaux ou des outils usagers, vous n'avez pas à aller en chercher du côté de « Lihoudia », on vous en fait l'économie, puisqu'il y a un ferrailleur, un ferrailleur de confiance. Pour vous en persuader et rassurer, sachez qu'il a des accointances, et il ne vous échappe pas que ces connaissances n'interviennent que pour des gens sûrs pour ne pas compromettre leurs affaires. Ce commerce se trouve dans le lotissement du gouvernorat de Tunis conçu juste pour l'habitat ; le cahier des charges interdit strictement aux bénéficiaires des lots d'aménager des espaces pour des activités commerciales, ça c'est la loi, mais la réalité c'est autre chose, cela cadre parfaitement avec le décor général de l'endroit où l'anarchie gère tout. Toutefois ce désordre s'accomplit dans l'harmonie, la ferraillerie dont il est question est voisine d'une friperie, par exemple. Il faut vraiment saluer l'effort des habitants qui ont respecté l'âme des lieux en évitant d'introduire des éléments contrastifs de nature à les travestir, à leur faire perdre leur identité, leur charme.
Visiblement, la discrimination n'existe pas seulement entre quartiers résidentiels et quartiers populaires, mais s'exerce aussi au sein des mêmes quartiers ; les étoiles ne sont pas discernées qu'aux municipalités, elles sont également attribuées par celles-ci à certaines de ses rues au détriment des autres. Ce que craignent les riverains de cette avenue c'est de voir un jour leurs voisins privilégiés se soulever et leur interdire d'emprunter leurs rues ou bien leur imposer un droit de passage. Il faut les comprendre, ils ont peur que le bitume ne s'use et que leurs rues ne deviennent comme les autres à cause du nombre de pieds augmentant surtout pendant l'été où leurs voisins s'adonnent exagérément à la marche la nuit, ils suivent un itinéraire en circuit fermé comme ceux des courses de motos et d'automobiles. Remarquez que ces derniers aussi ont leurs raisons : les routes revêtues sont peu nombreuses, donc ils ne peuvent pas procéder autrement pour éviter la poussière et les ornières de leur avenue et des rues adjacentes.
Alors, étant donné que la situation est stationnaire, les autorités compétentes sont appelées à se décider, s'ils considèrent que cette avenue fait partie intégrante du quartier, qu'elle appartient à l'urbanité, ils sont dans l'obligation de faire bénéficier ces habitants des avantages de celle-ci, et ils ne demandent pas plus qu'une chaussée et des trottoirs convenables ; si, au contraire, ils estiment qu'elle ne l'est pas, ils doivent les libérer des impôts, et, eux, ils essayeront de leur côté de s'adapter à la vie rurale en se procurant les équipements nécessaires. En attendant le verdict, ils vont continuer à se nourrir d'espoir comme ils l'ont toujours fait, qui sait, peut-être il se produirait un miracle, croisons les bras et prions pour nos amis.


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