Le Temps-Agences -- La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice effectuera demain une visite "historique" en Libye, pays longtemps considéré comme paria par Washington pour cause de soutien au terrorisme, a annoncé mardi le département d'Etat. C'est le plus haut responsable américain à se rendre à Tripoli depuis plus d'un demi-siècle. La chef de la diplomatie américaine entamera à Tripoli une tournée dans quatre pays d'Afrique du Nord qui la mènera ensuite en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Lors de sa première étape, Mme Rice rencontrera le dirigeant libyen Moammar Kadhafi, une rencontre qui symbolisera selon le département d'Etat l'ouverture d'une nouvelle ère dans les relations entre les Etats-Unis et la Libye, pays producteur de pétrole. "C'est une escale historique", a déclaré aux journalistes le porte-parole du département d'Etat américain Sean McCormack. C'est en effet la première visite en Libye d'un secrétaire d'Etat américain depuis celle de John Foster Dulles en 1953. Mme Rice est également le plus haut responsable américain à se rendre à Tripoli depuis Richard Nixon, alors vice-président, en 1957. "Durant ce laps de temps, nous avons eu un homme sur la Lune, Internet, la chute du mur de Berlin, et nous avons eu dix présidents américains. Donc, il s'agit vraiment d'une visite importante, historique", a ajouté M. McCormack. Le 14 août dernier, la Libye et les Etats-Unis avaient signé à Tripoli un accord de règlement de toutes les poursuites pour terrorisme engagées entre les deux pays, ouvrant ainsi la voie au rétablissement de relations diplomatiques complètes et à l'ouverture d'une ambassade américaine à Tripoli d'ici la fin de l'année. Vingt-six procès avaient été intentés par des ressortissants américains contre la Libye après les attentats contre le vol 103 de la Pan Am au-dessus de Lockerbie (Ecosse) en 1988 (270 morts, dont 189 Américains), contre une discothèque de Berlin en 1986 (deux Américains tués) et contre un DC-10 d'UTA en 1989 au-dessus du désert du Ténéré (170 morts, dont des Américains). Trois plaintes libyennes contre le gouvernement américain étaient par ailleurs en cours, la principale étant liée aux frappes aériennes américaines sur Tripoli et Benghazi en 1986 qui avaient tué 41 personnes, dont la fille adoptive de Moammar Kadhafi. La normalisation des relations entre Washington et Tripoli, a été entamée fin 2003, avec l'annonce-surprise par le colonel Kadhafi, alors que la guerre d'Irak battait son plein, que la Libye renonçait à son programme d'armes de destruction massive. Les relations diplomatiques, suspendues depuis 1980, étaient ensuite rétablies. Ont suivi l'ouverture de laborieuses négociations pour l'indemnisation des familles des victimes de l'attentat de Lockerbie, la levée progressive des sanctions, le retrait de la Libye de la liste noire du Département d'Etat des pays soutenant le terrorisme et le retour progressif de Tripoli dans la communauté des nations