Le Temps-Agences - La colère gronde parmi la population afghane à la suite d'une série de bavures commises par les forces de la coalition conduite par les Etats-Unis à l'encontre des civils, déclare un haut responsable militaire afghan. Selon le général Zaher Azimi, conseiller et porte-parole du ministère de la Défense, rien ne justifiait militairement le raid qui a coûté la vie le mois dernier à plus de 90 civils, des femmes et des enfants pour la plupart, dans la province occidentale de Herat. "Il est difficile pour le peuple afghan d'en tolérer davantage. On ne peut éviter des pertes civiles dans une guerre, mais, là, elles sont trop forte hausse", a déclaré à Reuters cet ancien chef moudjahidine. L'armée américaine a déclaré que le raid controversé du 22 août dans la province de Herat avait été lancé parce que les forces terrestres afghanes et les soldats de la coalition étaient tombés sous un feu intense des taliban, dont 30 à 35 auraient été tués lors de cette opération. Mais Azimi a affirmé à Reuters que celle-ci avait été viciée d'emblée parce qu'elle avait été fondée sur des renseignement non recoupés avec l'armée nationale afghane. "S'ils avaient consulté les militaires afghans, cela ne se serait pas terminé par une frappe aérienne. Comment pouvez-vous justifier de tuer 100 personnes simplement parce qu'on a tiré dix cartouches sur vous?" Selon Azimi, les forces afghanes et alliées auraient pu investir le village et en chasser les taliban s'ils étaient bien là. "Il n'y avait vraiment aucune nécessité immédiate de bombardement." Les taliban ont multiplié depuis trois ans attentats suicide et embuscades, contraignant les forces de l'Otan à s'en remettre plus fréquemment à l'aviation, qui a largué l'an dernier deux fois plus de bombes qu'en 2006, selon l'ONG Human Rights Watch. C'est ainsi que les victimes des raids aériens ont été plus nombreuses l'an dernier que celles des opérations terrestres. Le recours à l'aviation s'est encore accru cette année, qui a été la plus meurtrière depuis l'intervention occidentale de 2001. Azimi reconnaît que faire appel à la puissance aérienne est inévitable face à l'ampleur de l'insurrection et compte tenu de la nature du terrain. Mais les pertes civiles seraient minimales, assure-t-il, si les Afghans dirigeaient les opérations. "Nous connaissons les gens par leurs noms dans notre pays. Nous savons où ils habitent. Nous avons des pilotes qui connaissent les villages et peuvent identifier eux-mêmes les cibles de façon à toucher nos ennemis, pas des civils." L'armée de l'air afghane ne dispose en revanche que de cinq appareils de transport datant de l'occupation soviétique et de quelques hélicoptères mais d'aucun avion de combat. Elle a perdu son demi-millier d'avions lors de l'invasion soviétique et dans la guerre civile qui a suivi. Mais contrairement à celle de l'armée de terre, la reconstruction de l'armée de l'air afghane traîne en longueur. "Il nous faut une armée de l'air forte, particulièrement dans l'environnement dans lequel nous nous trouvons", souligne Azimi.