Le Temps-Agences - La Russie souhaite obtenir des Etats-Unis et de leurs alliés européens la garantie qu'elle n'a rien à craindre du bouclier anti-missile que Washington entend déployer en Pologne et en République tchèque, a déclaré le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. En visite à Varsovie hier, le chef de la diplomatie russe a en outre invité les puissances occidentales à accepter "les nouvelles réalités" du Caucase en reconnaissant comme Moscou l'indépendance des régions séparatistes géorgiennes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie. "Nous sommes ouverts à des négociations sérieuses. Si les Etats-Unis et la Pologne sont d'accord pour garantir que la base anti-missile n'est pas dirigée contre la Russie, nous sommes prêts à étudier des propositions concrètes", dit-il dans un entretien accordé à la Gazeta Wyborcza. "Mais nous devons parler de garanties, pas de mesures superficielles", souligne-t-il. Le projet américain, dans lequel Moscou voit une atteinte à l'équilibre stratégique doublée d'une incursion dans sa sphère d'influence, prévoit l'installation d'ici 2012 de dix missiles intercepteurs en Pologne et d'un radar en République tchèque. Washington affirme qu'il vise uniquement à protéger l'Europe des Etats tels que l'Iran et des organisations terroristes. L'accord américano-polonais sur l'installation des missiles intercepteurs a été signé le mois dernier, au plus fort de la crise géorgienne qui a suscité de graves tensions entre Moscou et les puissances occidentales. Le Kremlin en a conclu qu'il s'agissait bien d'un dispositif dirigé contre la Russie et le président Dmitri Medvedev a prôné une réponse militaire à la décision de Varsovie. "Avec son agression contre l'Ossétie du Sud et ses violations des accords internationaux, la Géorgie a renoncé à son intégrité territoriale. Nous invitons nos partenaires à suivre l'exemple russe et à reconnaître les nouvelles réalités", poursuit Sergueï Lavrov. Outre le conflit géorgien et le bouclier anti-missile, l'énergie sera l'un des thèmes majeurs de sa visite. "La Pologne est pour nous l'un des partenaires les plus importants sur la voie de ressources énergétiques russes à destination de l'Europe", souligne-t-il. Par ailleurs, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a affirmé hier que l'Ossétie du Sud ne voulait pas être rattachée à la Russie. Ces commentaires intervenaient après une série d'informations faisant état de déclarations contradictoires du président de l'Ossétie du Sud Edouard Koïkoty. Selon plusieurs agences de presse, Edouard Koïkoty a déclaré, lors d'une réunion d'experts en politique étrangère, dans la station balnéaire russe de Sotchi, qu'il voulait le rattachement à la Russie de la région séparatiste géorgienne. Mais il s'est ensuite rétracté dans un entretien à l'agence Interfax. Lors de sa visite hier à Varsovie, Sergueï Lavrov a affirmé que "l'Ossétie du Sud ne souhaite pas être rattachée à quiconque". L'Ossétie du Sud a été le théâtre d'une guerre éclair qui a opposé la Russie à la Géorgie en août dernier, et une annexion russe de l'Ossétie provoquerait la fureur de Tbilissi. Moscou a d'ores et déjà reconnu l'indépendance de l'Ossétie du Sud ainsi que celle de l'autre région séparatiste géorgienne d'Abkhazie.