Consciente du rôle capital que peut jouer l'orientation scolaire dans le succès de notre système éducatif, les commissions de réorientation dans le secondaire à l'échelle de chaque délégation régionale de l'enseignement se sont réunies pour examiner les demandes des élèves qui comptent changer de filière à la veille de la rentrée scolaire. Il s'agit d'aider les jeunes à effectuer des choix qui optimisent leur chance de réussite scolaire, universitaire et professionnelle. Cette approche contribue ainsi à une meilleure synergie entre le système d'éducation et le monde du travail en offrant la possibilité aux élèves et étudiants de découvrir les métiers et la position de ces métiers sur le marché du travail. Il s'avère selon les expériences des trois dernières années que les élèves sont de plus en plus orientés vers les filières gestion économie et lettres aux dépens des autres sections comme les sciences expérimentales, les maths et les techniques. Il en résulte des défaillances qui gonflent de plus en plus les rangs des marginaux faute de pouvoir réaliser cet équilibre tant recherché de l'adéquation entre l'enseignement et le marché de l'emploi. L'écart entre l'intégration dans l'environnement et l'école est en train de se creuser davantage. Nos établissements scolaires sont en train de former des élèves, il est vrai mais au bout du compte on ne réussit pas toujours à les injecter dans le circuit du travail. Il suffit tout simplement de juger le taux de réussite dans le Capes dans les filières littéraires et économiques, un taux bas qui explique que la nouvelle approche de l'orientation dépendra dorénavant du marché de l'emploi. Les membres de la commission de réorientation dans le secondaire ont pris conscience de cette nouvelle orientation. Ainsi ils ont décidé d'orienter les élèves de plus en plus vers les filières scientifiques, mathématiques et techniques et d'atténuer le nombre d'orientés vers les sections littéraires et économiques et ceci en tenant compte des résultats de l'élève, de ses prédispositions et aussi de l'aval des membres de la commission d'orientation. Ainsi, le choix de l'élève se fera dans l'avenir en fonction des besoins du marché de l'emploi «Dans le contexte de l'émergence d'une économie du savoir et du savoir faire, explique Dr Saïd Ben Sedrine lors d'un atelier organisé par le ministère de l'Emploi et de l'Insertion professionnelle des jeunes sur les bonnes pratiques internationales en matière d'emploi des jeunes » la croissance de l'effectif post-enseignement de base n'est pas un problème en soi. Ce qui pose un problème c'est la structure de qualification des flux de sortie du système d'éducation et de formation qui risque d'être marquée par la pénurie relative des qualifications intermédiaires sur le marché du travail, ce qui est un obstacle à l'amélioration de la compétitivité des entreprises tunisiennes affrontant l'intégration de plus en plus grande dans une économie mondialisée. Le risque est également d'aggraver le problème d'insertion professionnelle des sortants en surnombre de l'enseignement secondaire et de l'enseignement supérieur ; comme le montre bien l'évolution du taux de chômage de ces derniers jours. Une partie du chômage a un caractère frictionnel. Mal informés sur les métiers et les conditions du marché du travail, les diplômés formulent alors des exigences incompatibles avec la réalité de ce marché; ce qui prolonge la durée de leur recherche d'emploi et augmente le niveau du chômage. L'orientation scolaire doit nécessairement s'adapter aux exigences des mutations du marché du travail. « La nouvelle configuration du marché du travail pose avec plus d'acuité que dans le passé, le problème de la mobilité professionnelle, de la réinsertion professionnelle des travailleurs licenciés et l'émigration à l'étranger de la population à la recherche d'un emploi ou désirant poursuivre ses études. Par ailleurs, le salariat n'est plus la seule alternative d'insertion professionnelle. L'auto emploi ; c'est-à-dire la création de sa propre micro entreprise, est aujourd'hui promue comme une importante alternative d'insertion professionnelle et comme un moyen de créer de l'emploi et de développer les activités économiques à haute valeur ajoutée » ajoute Dr Ben Sedrine. Le défi est alors d'inciter nos élèves à s'orienter vers des filières qui leur procurent du boulot. Chose qui a été prise en compte lors des derniers conseils d'orientation. Ainsi le taux des élèves littéraires et économistes sera révisé à la baisse car finalement, on ne veut plus envoyer à l'université des ratés. Le marché de l'emploi ne pourra plus les absorber. Seule une orientation étudiée et réfléchie pourra procurer à nos jeunes un emploi stable. Ainsi, l'orientation tiendra compte dans les années à venir des aptitudes des orientés mais aussi des besoins du marché du travail.