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Au fait, c'est quoi ?
Tribune : Réformer l'enseignement ?
Publié dans Le Temps le 27 - 09 - 2008

Depuis des siècles et particulièrement depuis le XVIe, réformer l'école n'a pas cessé d'être le casse-tête des penseurs, des pédagogues et des enseignants. Leur but est toujours le même, à savoir chercher l'excellence.
Parallèlement, les pouvoirs politiques et économiques veulent faire coïncider l'enseignement avec le marché de l'emploi, donc c'est une mission sociale,
à savoir former une jeunesse pour garantir son avenir et en même temps une mission de rentabilité pour les hommes d'affaires qui veulent investir dans tel ou tel secteur. D'où cette frénésie de réformes et de réformettes et de continuelle lutte entre les pédagogues et les penseurs d'un côté, et les gouvernants et les forces économiques de l'autre côté. Mais que veut dire réforme ?
Une réforme part de la constatation d'un échec, d'un résultat jugé médiocre ou d'un désir de faire mieux dans tel ou tel secteur. Mais avant de réformer l'enseignement, il est capital de répondre à plusieurs questions. Quelle société voulons-nous être ? Une société traditionnelle ou affairiste ou performante et ouverte au progrès ? Quel est l'état réel de l'enseignement actuel ? Quels sont les moyens financiers, matériels et humains dont dispose le pays ? Quel temps prévu pour réaliser telle ou telle réforme ? De la réponse à toutes ces questions dépend l'avenir du pays.
Quelle société voulons-nous être ?
La dernière mode de la création par milliers de nouveaux Koutabs, signalée par les journaux, pour enseigner aux enfants de 4 ou 5 ans le coran avec des maîtres encore en chômage mais dont le niveau varie entre le bac et la maîtrise en théologie, nous dessine parfaitement le type de société qui nous attend et nous fait craindre des lendemains douloureux. Les écoles coraniques (les medrassas) du Pakistan ou de l'Afghanistan sont les meilleurs exemples et très loin du mode de vie des Tunisiens. Comment a-t-on osé permettre à ces koutabs de fonctionner ?
D'un autre côté, faire coïncider l'enseignement au marché de l'emploi est un très beau slogan politique. Mais il serait judicieux de poser la question suivante : Quels sont les emplois qui sont offerts à la jeunesse ? Si c'est pour recruter de la main-d'œuvre qualifiée pour les grands chantiers, les centres de téléphonie, les hôtels, les boîtes d'informatiques et les cybercafés, alors la réforme de ces dernières années répond parfaitement à ce type de marché très affairiste.
Dans ce cas il serait logique de sauvegarder l'enseignement que nous avons et de penser à trouver du travail aux autres diplômés en chômage, de faible formation et refusés lors des concours (profs médecins, ingénieurs, informaticiens, avocats...)
Par contre, si l'on cherche à mettre sur pied une société performante, ouverte, et en phase avec le progrès pour que notre pays arrive à sortir de son état actuel de difficultés sociales, économiques, culturelles et éducationnelles, et de la perte de tous les repères d'une société juste et équilibrée, alors il faut revoir notre politique éducationnelle de fond en comble. C'est-à-dire que la qualité de l'enseignement doit guider les réformateurs pour un meilleur avenir professionnel, tout en oubliant l'obsession des statistiques pour « faire aussi bien que les pays les plus en avance ».
Quel est l'état réel de l'enseignement actuel ?
Voir des étudiants tunisiens refusés dans les centres de téléphonies parce qu'ils sont incapables de lire un petit paragraphe en français est bien sûr alarmant, mais voir des instituteurs, professeurs, médecins, pharmaciens, ingénieurs et juristes incapables d'écrire correctement ou n'ayant pas le minimum de n'importe quelle culture orientale ou occidentale est alors catastrophique. Plusieurs parmi eux sont incapables de lire un journal de qualité, un dossier ou un livre qui touchent parfois leur domaine de spécialisation. Et les exemples sont constatés par tout le monde.
Depuis des années les enseignants et les pédagogues n'arrêtent pas de sonner l'alarme face à une multitude de réformettes qui ne cessent de détruire un appareil éducationnel construit glorieusement depuis le Mouvement des Jeunes Tunisiens à partir de...1908 et qui n'a cessé de former solidement une jeunesse unique dans le monde arabe et musulman. Après l'indépendance, feu Mahmoud Messadi reste le phare d'un enseignement bilingue de qualité et ouvert à l'occident et à l'orient en même temps. Mais les temps ont bien changé et l'école se fige du primaire à l'université. Petite école, petit métier, petit avenir et le tour est joué. On semble oublier que la Corée du Sud, longuement citée chez nous comme un exemple des plus performants n'a échappé à son sous-développement que le jour où elle opta pour l'enseignement de qualité et la recherche de pointe, jugés comme parmi les plus solides et dépassant plusieurs pays dits développés. C'est l'enseignement qui crée l'économie et non pas l'inverse et c'est la règle d'or de réussite pour le pays ! Ce n'est point un slogan mais un constat dans les pays développés.
Quels sont les moyens dont dispose le pays ?
On ne cesse de nous répéter que notre pays a peu de moyens pour répondre à tous les besoins de la population. Ce qui est vrai et la démocratisation de l'école, tâche très noble, coûte très cher et absorbe une bonne part du budget de l'Etat. Ce qui est vrai aussi. Mais alors, comment expliquer que juste après l'indépendance et les moyens plus que modestes dont on disposait, l'Education Nationale a lancé une réforme fortement courageuse et très subtile par la qualité du contenu de son enseignement et le pays de caracoler à la tête du Tiers-monde ? Donc il ne s'agit plus d'une question budgétaire mais bel et bien de choix et d'orientations des programmes pour des buts mercantiles de cette Nouvelle Economie imposée par la mondialisation et la globalisation. Il est triste de constater que depuis, certains pays sont devenus un vrai laboratoire éducationnel d'une expérience à connexion capitaliste au service des Multinationales de l'Occident et du Moyen-Orient.
Chez nous, une simple comparaison des manuels scolaires du début des années 90 et ceux qui viennent d'être introduits prouve fortement l'incroyable chute du niveau des programmes, dont le contenu fort simpliste (pour ne pas dire plus) fait beaucoup plus appel à la récitation de connaissances qu'à la compréhension et à la critique pour former des techniciens supérieurs pratiquement incultes. Quant aux moyens humains, les derniers dinosaures de l'enseignement primaire, secondaire et universitaire sont en train de quitter la Terre et sont remplacés par des enseignants dont le niveau de formation laisse à désirer. Le plus dramatique c'est que ces médecins, avocats, ingénieurs... sont au même stade de formation et vont prendre la relève et vont éduquer leurs enfants avec les moyens de bord. Une nouvelle société est en train de naître. Sera-t-elle capable de répondre aux défis internationaux ? Incha Allah !
Quelle réforme et quel temps nécessaire pour la réussir ?
Une réforme ne peut réussir que si la réponse à toutes ces questions est trouvée. S'acharner à réformer l'université est à notre sens illusoire, (comme pour le secondaire) tant le niveau des enseignants est largement insuffisant en qualité et en quantité. Quant à celui des étudiants (es), il est inutile de remuer encore plus le couteau dans la plaie. On ne peut nullement implanter un immeuble sur du sable mouvant. Est-ce logique de continuer à créer des universités dans de petites villes dépourvues de tout. Une université n'est point un ensemble de salles de classes, une petite bibliothèque, un petit laboratoire et quelques enseignants (bac plus 4 ou plus 6) sans aucune expérience pédagogique. Une université est avant tout un complexe de salles, de salles de conférence, des bibliothèques, des laboratoires et des centres de recherches scientifiques, littéraires, économiques ..., et une vie culturelle, artistique et sportive fort animée (cinémas, théâtres, conférences, musées, cafés, restos, différents types de stades et salles de sport...) et le tout dans une cité fort vivante. Il serait judicieux dans ce cas d'appeler les « universités » déjà implantés à l'intérieur du pays « lycées » ou « collèges » de l'enseignement supérieur » pour un enseignement de filières courtes et regrouper l'enseignement des branches dites nobles dans deux ou trois grandes villes en plus de la Capitale. Cela deviendrait beaucoup plus efficace et bien moins onéreux par ces temps de crises.
A notre sens, la seule réforme à appliquer en toute urgence doit se concentrer sur l'enseignement primaire qui doit former solidement les élèves (lecture, calcul écriture, culture général, activités artistiques...) tout en balayant ces horribles programmes de la télé, pour qu'ils puissent poursuivre leurs études secondaires et universitaires dans les meilleures conditions. Ils seront véritablement les héritiers dignes d'une Tunisie qui retrouve sa vraie place dans le concert des nations et non point un atelier pour des activités bas de gammes. Les autres générations qui l'ont précédées sont déjà sacrifiées qu'on le veuille ou pas. Celui qui appliquera cette réforme est sûr d'avoir sa place dans la grande Histoire.


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