Non-application des arrêtés du tribunal administratif, peu de transparence dans les concours de recrutement, le CAPES, l'absentéisme, la séance unique, les services... « L'administration tunisienne est classée 2ème à l'échelle arabo-africaine. », déclare Zouhaïer M'dhaffar devant les députés. Comme l'administration est l'outil d'application de la politique de l'Etat, le débat gouvernement-députés, organisé hier à la coupole de la Chambre des députés, sur la Fonction publique et le Développement administratif n'a pas manqué de poser diverses problématiques de la vie politique courante. Ainsi, la non-application des arrêtés du tribunal administratif, la transparence dans les concours de recrutement, le CAPES, l'absentéisme, la séance unique et la qualité approximative des services administratifs ont été à l'ordre du jour. En effet, les députés ont soulevé avec le ministre de la Fonction publique et du Développement administratif, Zouhaier M'dhaffar, tous les aspects relatifs aux défaillances de l'administration et débattu des options susceptibles de rationaliser ses services et d'aider l'Etat à réaliser ses objectifs en matière d'e-administration et de transparence.
Les doléances des députés Les intervenants se sont intéressés à quatre axes essentiels. D'abord, certains députés se sont interrogés sur l'issue incertaine des arrêtés du Tribunal Administratif en matière d'abus de pouvoir. Selon eux, des dizaines de tels arrêtés n'ont pas été appliqués, se rapportant notamment à des cas de licenciement abusif. Les députés trouvent que l'administration publique est tenue de respecter ses propres réglementations. Ensuite, les interrogations ont porté sur la transparence dans les concours et notamment le CAPES. Certains trouvent que les règles de l'équité ne sont pas respectées. Ceci est, selon eux, d'autant plus nuisible, qu'il y a une crise au niveau du recrutement des diplômés. Ils n'ont cessé de réclamer que la stricte transparence doit être de mise pour éviter toutes sortes d'interprétation. Les divers détails de l'action de l'administration ont été, aussi, passés en revue. Les députés ont parlé de l'absentéisme des fonctionnaires de l'Etat, de la lenteur des procédures administratives, du respect des horaires, de la séance unique et de ses effets éventuels sur la productivité de l'administration. Enfin, il a été aussi question de la certification des services administratifs. Les députés ont insisté sur l'amélioration de la qualité des prestations fournies.
Réponses du ministre
Dans ses réponses, le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Fonction publique et du développement administratif, Zouhaier M'dhaffar, a expliqué : « Le principal objectif poursuivi par l'Administration, c'est l'application de la politique de l'Etat. Les 429. 874 agents qui forment la fonction publique oeuvrent pour la réalisation de cet objectif. Mais, cette mission est appelée se faire dans de bonnes conditions moyennant un moindre coût et une plus courte durée. C'est un objectif de qualité qui est recherché. L'administration s'est d'ailleurs fixée comme tâche de réussir la certification de tous ses services d'ici l'horizon 2009. Près de 5000 services sont concernés. C'est un travail tri-dimensionnel qui comprend la mise à niveau des ressources humaines, l'adaptation à l'administration électronique et l'harmonisation avec l'environnement international. Cette certification va s'accompagner d'un développement du potentiel des cadres supérieurs auxquels un institut a été conçu pour améliorer les compétences. ». Le ministre a d'ailleurs indiqué que le processus de la certification est déjà en cours et qu'une trentaine de services ont été certifiés. Concernant les autres problématiques, le ministre a précisé : « L'existence de plus de 50.000 candidats pour le CAPES a poussé à des spéculations de tous bords. Pourtant, ce concours se passe dans la transparence. ». Zouhaier M'dhaffar trouve que la majorité écrasante du corps de l'administration publique est saine. Concernant l'horaire administratif, il a affirmé : « Au fait, ce n'est pas une véritable double séance en Tunisie. Il y a les deux mois de l'été, le Ramadan, les vendredi et les samedi. Six mois se passent donc en séance unique et les six autres en double séance. D'ailleurs, l'expérience de la séance continue de 1988 n'a pas été édifiante. La question de l'horaire de l'administration est liée au transport, à la restauration, aux crèches, etc...L'expérience de 1988 n'a pas préparé les moyens de sa réussite. Actuellement, une cellule au Premier ministère est en train d'étudier cette question. ». Le ministre a traité aussi la question de l'absentéisme des agents de l'administration. Il a expliqué que 2 millions de journées de travail perdues sur un total de 450 millions de journées de travail est un chiffre tolérable. Il a toutefois précisé que divers modes de contrôle, administratif et médical, sont là pour contrecarrer les dépassements.*
Mourad SELLAMI
*PS : Si le nombre des agents de l'Etat est de l'ordre de 429. 874 . Et puisque la moyenne annuelle des journées de travail est de l'ordre de 300 jours, sinon moins. Le nombre total annuel de journées de travail dans la fonction publique est de l'ordre de 130 millions de jours ( et non 450 millions de jours !). Les deux millions de journées perdues constitueraient alors un taux de 1,5 % !