La vie humaine serait-elle devenue tributaire de la saute d'humeur des uns, de la frustration voire de la colère des autres ? A longueur de journée, les médias font état de morts violentes, de crimes « gratuits », de sinistres endeuillant des familles entières sur un coup de tête, un sentiment d'humiliation, de certains se prenant pour le nombril du monde surtout après avoir grandement flirté avec la dive bouteille. Oui mais, mettre le tout sur ces états dits « seconds », se contenter d' incriminer béatement l'ébriété dans cette déferlante violence ne résout strictement point le problème. Le mal est ailleurs, et toutes les composantes de la société civile doivent mettre du leur pour en chercher les origines et surtout tenter de les éradiquer. Se complaire à ressasser chacun dans son coin le vieil adage « cela n'arrive qu'aux autres » est complètement erroné, car le malheur tel un fauve aux aguets peut frapper au moment où on s'y attend le moins.
Rappel des faits Le drame eut lieu un après midi du 9/8/2007 dans le bar attenant et appartenant à un grand hôtel de la banlieue sud. A. vaquait tranquillement comme à son habitude derrière le comptoir répondant avec prestance aux commandes incessantes des clients. B. était parmi les assidus des lieux. Ne disposant apparemment pas de l'argent nécessaire pour couvrir sa cuite, il s'en prit au barman qui l'aurait sermonné. Se sentant humilié et blessé dans son amour propre, il asséna un coup violent au serveur au niveau de la tête. Du sang gicla de suite de l'oreille de la victime qui tituba sous le choc et s'étala de tout son long, obnubilé. D'entrée, le tableau était fort péjoratif car signant inéluctablement une fracture de la base du crâne. Ses collègues coururent à son secours, lui firent porter d'autres vêtements propres et non ensanglantés et appelèrent les secours. Durant tout ce temps, il ne cessait de répéter qu'il avait malencontreusement glissé... Transporté dans un premier lieu à l'hôpital Habib Thameur, il fut par la suite dirigé sur l'institut de neurologie pour être opéré très tard dans la soirée. Le neuvième jour de son hospitalisation, et pour corser le tout, une infection sévère due à un germe hospitalier se déclara : (une pneumopathie nosocomiale à J9 post opératoire selon le rapport du médecin légiste). Le 20/8/2007, soit une dizaine de jours après, A. passait de vie à trépas par la bêtise humaine. La conclusion de l'autopsie est la suivante : « La mort est la conséquence d'un violent traumatisme cranio-cérébral provoqué par un objet contondant ou une surface contondante. Le point d'impact crânien est temporal droit. » B. fut arrêté plus tard. Il affirma avoir poussé le barman qui en tombant a heurté la surface du mur. Il soutint également n'avoir jamais eu l'intention de nuire à A., un ami de longue date non sans exprimer ses vifs regrets pour ce malheureux geste intempestif mais qui a coûté la vie d'un homme et endeuillé toute une famille. Il fut jugé en première instance et écopa de 12 ans de prison. Les parties en présence, celles de la victime et de l'accusé interjetèrent appel. La première considérant le jugement par trop clément, tandis que celle de l'agresseur soutient que la mort est survenue suite au choc contre le mur consécutif à un geste non intentionnel d'attenter sciemment aux jours de A. Autre doléance à mettre sur le tapis par les avocats de l'accusé, l'infection pulmonaire grave contractée par la victime lors de son hospitalisation. L'affaire a été jugée en appel le Samedi 4/10/2008. Verdict : revue à la baisse du premier jugement et remise de la peine initiale de 12 à 8ans de prison. Voilà comment par un geste incontrôlé, irréfléchi, un père de famille perd gratuitement les siens les livrant aux vicissitudes du quotidien, et un jeune ayant encore tout l'avenir devant lui de moisir pour une bien longue période derrière les barreaux.