La Tunisie a entamé l'étude de faisabilité technico-économique d'une centrale nucléaire pouvant être opérationnelle à l'horizon 2020. Laquelle étude nécessiterait quatre à cinq ans et préparerait les données nécessaires pour l'appel d'offres international afférant à cette centrale. Entre-temps, le Centre National des Sciences et Technologies nucléaires est en train de procéder à un passage en revue des technologies disponibles. C'est dans ce cadre que se sont tenues, hier, les deuxièmes journées de l'électronucléaire consacrées aux spécificités de la technologie nucléaire civile de l'Afrique du Sud. Ces journées visent à présenter aux intervenants nationaux, et principalement à l'industrie, les différentes technologies disponibles dont l'une d'elles serait adoptée en Tunisie. M. Abdelaziz Rassâa, Secrétaire d'Etat chargé de l'Energie renouvelable et des Industries alimentaires a présenté lors de l'ouverture de ces journées les impératifs ayant conduit la Tunisie à penser à développer les technologies de l'énergie nucléaire civile.
Consommation énergétique Le Secrétaire d'Etat a expliqué que la consommation énergétique de la Tunisie suit un rythme croissant au taux annuel de 5,7 % actuellement. Ce taux moyen passera à 6,6 % au cours des 11èmes et 12èmes plans. Cette forte demande d'énergie appelle à des solutions de substitution surtout avec les fluctuations rocambolesques des cours du pétrole ayant mis les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire au devant de la scène. Un baril à plus de 140 dollars donne des ailes aux recherches pour d'éventuelles ressources de substitution servant pour l'industrie à l'avenir. L'énergie atomique constitue aussi une alternative stratégique intéressante qu'il faut prévoir dès aujourd'hui pour éviter la pression de l'ère de l'après-pétrole qui avance à pas géants.
Le parcours à suivre L'expérience sud-africaine et, avant elle, l'expérience canadienne (présenté en février 2008) ont offert aux spécialistes tunisiens des opportunités pour voir à l'œuvre des technologies différentes servant la même cause de développement des technologies d'énergie nucléaire civile. Le parcours de mise en place prend entre 13 et 15 ans fractionnés en trois phases : d'abord, la phase d'études qui est actuellement en cours et qui prend entre 4 et 5 ans. Ensuite, c'est la phase de lancement de l'appel d'offres qui dure en principe 3 ans. Enfin, la phase d'installation proprement dite de la centrale dure entre 7 et 8 ans.
Les préparatifs Lors de la phase initiale, celle des études, un plan d'action stratégique a été déjà élaboré par le Centre National des Sciences et Technologies nucléaires en suivant les consignes de l'Agence Internationale d'Energie Atomique qui a déjà approuvé le projet. Cette étude a été élaborée en fonction des projections faites sur la demande énergétique à l'horizon de 2030. Un programme a été proposé pour le développement des ressources humaines capables de gérer un tel projet. Des sites ont été déjà envisagés. Les experts ont recensé quatre possibles et l'évolution des études prévalera le choix de l'un d'eux dont les caractéristiques seraient les plus adaptés à un tel projet. D'autres études ont même envisagé la gestion des déchets nucléaires et les secteurs industriels éventuellement intéressés par l'énergie nucléaire. Rappelons qu'une forte délégation sud-africaine a assisté à ces journées avec notamment le Dr Rob Adam, le PDG de la corporation de l'énergie nucléaire en Afrique du Sud et son Excellence, M. Daniel Nicholas Meyer, l'Ambassadeur d'Afrique du Sud en Tunisie aux côtés d'une pléiade de techniciens de tous bords en matière d'énergie atomique. Côté tunisien, la STEG a organisé conjointement ces journées avec le Centre National des Sciences et des Technologies nucléaires.