Mettre sur le tapis pour la énième fois le récurrent et non moins épineux problème des cours particuliers, pourrait paraître à la limite lassant. Mais la question est d'une acuité, d'une importance telles, qu'il est utile de l'évoquer encore une fois espérant que toutes les parties prenantes dans l'affaire en l'occurrence parents, enseignants et tutelle prennent leurs responsabilités. Classiquement, la donne est simple, interactive se répétant indéfiniment à chaque entame des années scolaires. Sitôt la première semaine écoulée, les parents sont convoqués par « certains » instits. Motif : incapacité de l'élève de suivre le rythme mené par ses camarades déjà, de loin plus « compétitifs » ! Un appel du pied se voulant discret mais qui au fait, est des plus explicites. Et le parent affolé de suivre le mouvement et d'implorer l'enseignant à accepter d'aider l'enfant. Faut-il préciser que ces scènes ne concernent pas une région, un niveau bien déterminés. Tout le territoire, toutes les classes de la première année de base aux classes terminales sont gangrenés par ce fléau. L'enseignement supérieur n'en est pas épargné pour autant. Le décor est ainsi planté, et il est illusoire de tenter d'en minimiser l'ampleur. Lutter contre la voracité croissante, insatiable d'une catégorie d'enseignants est la responsabilité de tous. Les parents en premier lieu doivent faire front et combattre de concert cette « dérive ». Le jour où tous, sans exception, adopteront le même profil et boycottent ce « harcèlement » à peine déguisé en disant non en chœur aux magnats de cette industrie, on aura fait pratiquement tout le chemin pour éradiquer ce mal devenu chronique. Ce faisant, ils doivent bien sûr assurer un suivi rigoureux des révisions à domicile des leurs et ne point les laisser livrés à leurs propres initiative et gré. Leur procurer dans la même lignée les meilleures conditions à la maison volet sérénité, calme. Il n'est pas normal, non plus que la TV transmette les décibels assourdissants d'un match de football au bon plaisir des adultes ( ?) alors qu'on cloître à proximité l'enfant l'astreignant à apprendre une récitation ou à résoudre une complexe équation de maths.
En second lieu, les élèves doivent se concentrer et tout capter durant les séances normales. Ne pas se disperser à chahuter, à s'occuper de choses et d'autres avec un enseignant se résignant à débiter son cours magistral aux deux ou trois éléments assis aux premières loges et taquinés par le restant de leurs camarades pour leur assiduité. Il est notoire que les dissipés tablent sur les cours payants de rattrapage pour combler leurs lacunes. Le jour où toute la classe sera toute ouie, attentive, hautement réceptive, les dispensateurs des cours particuliers ne trouveraient plus à coup sûr de clients « acheteurs ».
La tutelle, maintenant, en dernier lieu. Nous savons que des circulaires interdisent expressément aux enseignants de dispenser des cours supplémentaires à domicile à leurs propres élèves. Des sanctions radicales y sont même notifiées. Mais pareilles mesures ont l'air de ne point dissuader certains à enfreindre la loi et sont restées lettres mortes. Des visites à l'improviste dans quelques classes avec des questions surprises aux petits dévoileraient le pot aux roses. Couronnées de mesures disciplinaires fermes, ces inspections inopinées se répandant comme une traînée de poudre dans tout le territoire, tous les contrevenants réfléchiront d'ores et déjà plutôt deux fois qu'une avant de tenir les pauvres parents en otages. Et les finances des ménages de se libérer définitivement du joug de ces impitoyables sangsues.