Les cafés et, notamment, les salons de thé servent désormais de lieux de rencontre galantes et il arrive rarement qu'une relation soit nouée sans être passée par le stade des rencontres du salon de thé qui rapproche les uns des autres et ouvre largement les horizons. Les salons de thé ont vu naître des liaisons et fondre d'autres. Les serviteurs de ces lieux ont souvent été des complices silencieux des différentes phases par laquelle passaient ces relations. Ainsi, ils assistent à des scènes de jalousie et à des disputes conjugales. Ces serviteurs connaissent parfaitement les habitudes et les péchés mignons de leurs clients, surtout ceux qui sont des habitués d'un même lieu. Mais si la majorité de ces professionnels conservent ces informations pour leurs anecdotes personnelles, certains en font un mauvais usage tel ce serviteur qui est l'accusé principal de l'affaire de prostitution qui a été récemment examiné par la cour de première instance de Tunis. L'accusé travaillait dans un salon de thé d'un quartier huppé de Tunis qui a une fréquentation à majorité féminine et d'un certain âge. Son métier lui a permis de connaître de près un bon nombre de clients et de clientes qui daignent même lui raconter leurs problèmes personnels qu'il écoutait avec une attention particulière et qui a fait de lui le confident de plusieurs clients et, spécialement, clientes. Cette situation lui a fait comprendre que ces personnes étaient, d'une part, dotées de personnalités très fragiles et faciles à manipuler. Et, d'autre part, malades de vices et vivaient au dessus de leurs moyens. Le serveur a remarqué les coups bas échangés entre des amis et a été témoin de trahisons courantes entre des soi-disant amoureux. Il a remarqué que ces jeunes n'avaient pas de lieux pour « consommer » leur amour et il a décidé de tirer profit de cette situation. A cette fin, il a loué un petit studio non loin du salon de thé où il officiait. Il l'a aménagé confortablement et a laissé courir la nouvelle parmi la population qui fréquentait le salon de thé en insistant sur le fait qu'il habitait seul son studio de luxe. De là à dire qu'il était prêt à le céder pour des rencontres intimes, il n'y avait qu'un petit pas que ses jeunes amis ont vite franchi. Ainsi, l'une des filles qui lui avait déjà fait beaucoup de confidences sur ses multiples amis, lui a demandé un jour de lui donner les clés de son studio pour deux petites heures. Le serviteur a laissé apparaître sa surprise mais le billet de 30d que la jeune fille avait glissé dans sa poche a fini par le convaincre. Depuis cet instant, la vie du serviteur a changé et un manège incessant s'était installé dans l'immeuble où se trouvait ce studio suscitant la réprobation des voisins qui ont fait la remarque au locataire. Ce dernier a beau averti ses « clients » de passer inaperçus. C'était en vain. Les locataires ont fini par porter plainte à la police qui a effectué une descente au studio suspect et a emmené au commissariat les deux jeunes adolescents qui y étaient en train de se la couler douce. Les deux ados ont avoué à la police qu'ils avaient pris les clés de l'appartement chez le serviteur pour 50 dinars afin qu'ils passeraient cinq heures. L'« apprenti-hôtelier » a été arrêté et, devant l'aveu des « locataires, il n'a pu que confirmer leur version en précisant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'une location mais d'un « pourboire ». Cette interprétation des faits par le suspect n'a pas convaincu les enquêteurs qui l'ont arrêté. Devant le Tribunal, l'avocat du serveur a demandé de renvoyer l'affaire à une date ultérieure pour introduire de nouveaux éléments. La cour a donné suite à cette requête.