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Crise : « Quand les riches maigrissent, les pauvres meurent »
VIE POLITIQUE/SOCIETE CIVILE
Publié dans Le Temps le 20 - 10 - 2008

« Le choix d'un Tunisien témoigne de la place qu'occupe notre pays au sein des instances internationales »
*
- Interview de Mohamed Trabelsi, nouveau responsable de l'Organisation Internationale du Travail au Caire et ex-Secrétaire Général adjoint de l'UGTT.
Militant syndicaliste depuis sa jeunesse, Mohamed Trabelsi a occupé le poste de Secrétaire Général adjoint de l'UGTT depuis le congrès de Sousse de 1989.
Mais, déjà en 1987, il a été élu membre du bureau exécutif par la Commission Administrative légitime qui s'est tenue clandestinement à cause de la crise qui secouait à l'époque la centrale syndicale. Au bureau exécutif, il a chapeauté respectivement les départements des affaires sociales, de l'information puis des relations extérieures. Poste qu'il a occupé jusqu'à sa récente nomination comme premier responsable des activités des travailleurs pour l'Afrique du Nord au sein de l'OIT avec siège au Caire.
A l'occasion de cette nomination, nous l'avons invité pour nous parler de ses nouvelles prérogatives, de son point de vue en tant que syndicaliste concernant la crise financière internationale, du droit syndical en Tunisie et dans les autres pays d'Afrique du Nord.

Interview
Le Temps :Quelles sont les prérogatives du nouveau poste et les objectifs de votre programme ?
Mohamed Trabelsi : J'ai été choisi par l'OIT pour occuper le poste du premier responsable des activités des travailleurs pour l'Afrique du nord couvrant ainsi l'Egypte, l'Erythrée, le Soudan, la Lybie, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc.
Mon bureau est au Caire où se trouve le siège de l'OIT pour cette sous-région, ce qui m'oblige à élire domicile dans ce pays.
Le travail que je dois accomplir est le prolongement de mon expérience syndicale que j'avais entamée depuis plus de 30 ans dans les rangs de l'UGTT et dans les autres institutions du dialogue social en Tunisie, tels que le conseil économique et social, les conseils d'administration de la sécurité sociale, les autres instances tripartites existantes comme le conseil national pour la défense du consommateur etc.
Je vais donc faire profiter les organisations syndicales concernées de mon expérience, de celle de mon organisation et de mon pays.
L'objectif du département des travailleurs au BIT (ACTRAV) est de renforcer les capacités des organisations syndicales dans le dialogue social, dans la défense de leurs droits économiques et sociaux pour promouvoir les normes internationales du travail et pour asseoir des systèmes de sécurité sociale aussi crédibles qu'efficace. La défense des libertés syndicales et le droit de ses exercices dans les entreprises sont également au centre de la politique du BIT et du groupe travailleur de l'OIT. L'OIT considère également que l'égalité du genre, la lutte contre le chômage et la pauvreté et l'immigration restent des questions prioritaires dans son action et doivent bénéficier de toute l'attention des organisations syndicales de la région.

. Ce poste concerne les activités des travailleurs de 8 pays. Y-a-t-il des différences dans le respect du droit de travail et du droit syndical entre ces pays et quelle est la place prise par la Tunisie ?
- En effet, dans ces pays il y a certainement des similitudes et des différences. Il s'agit d'abord des pays du tiers monde qui se partagent la plupart des caractéristiques et des problèmes dus au sous-développement.
D'un autre côté, les modèles suivis dans chacun de ces pays ont généré des degrés de développement différents. Ces différences sont visibles au niveau de la culture syndicale, des institutions, des relations du travail et entre partenaires sociaux, des rapports entre syndicats et pouvoirs publics, du niveau de développement humain etc.
Dans ce contexte, le monde du travail reconnait les acquis de la Tunisie dans le domaine du développement humain, du dialogue social, de la sécurité sociale, ainsi que de l'indépendance et du militantisme de l'UGTT. Ces acquis nationaux sont la base de la stabilité du pays et de la modération de sa société. Ils sont également source de considération et de respect pour tous les tunisiens. D'ailleurs le choix d'un syndicaliste tunisien pour s'occuper des activités des travailleurs pour une région aussi vaste que l'Afrique du nord témoigne de la place qu'occupe notre pays en général et l'UGTT en particulier, au sein des instances internationales et arabes.

. Qu'est ce qu'il reste à accomplir donc ?
- En tant que tunisien, on est fier et optimiste mais sans tomber dans l'autosatisfaction.
Nos acquis nous ont fait sortir de l'anonymat et de l'indifférence des autres. Maintenant que les yeux sont braqués sur nous, il nous faut redoubler d'efforts, passer des acquis à l'ère des conquêtes, élever le niveau de nos performances pour atteindre le stade de l'innovation et de la créativité. Grace à nos acquis et nos succès, le monde regarde et nous juge comme on jugerait un adulte, avec plus de sévérité et d'exigence et c'est tans mieux pour notre jeune société. L'autocritique, la correction de nos erreurs, le travail et la solidarité effective sont autant d'armes qui nous permettent d'aller encore plus loin vers de nouveaux acquis pour la « conquête » du développement et du modernisme

. Quelle est votre lecture en tant que syndicaliste de la crise financière internationale actuelle et son éventuel impact sur les travailleurs ?
- Confucius disait : « quand les riches maigrissent, les pauvres meurent ». Cet adage chinois exprime aujourd'hui une réalité qui fait des travailleurs et des pays du tiers monde les principales victimes sacrifiées sur l'autel de la crise. Apres l'envolée des prix des denrées alimentaires et celle des carburants, vient s'ajouter cette crise financière qui affaiblit encore les plus pauvres.
Les pays riches sont à l'origine de ces crises mais ce sont toujours les pauvres qui payent les pots cassés. Déjà la hausse des prix du carburant et des aliments a fait progresser la pauvreté, la malnutrition et le chômage dans le monde.
Il est vrai que cette crise financière a été provoquée par la déconfiture des prêts hypothécaires à risques aux états unis qui paraissent comme un accident de parcours, mais en réalité, cette crise met profondément en question le système libéral et témoigne encore une fois de l'hypocrisie des pays riches à l'égard de leurs travailleurs et vis-à-vis des pays pauvres.
Prenons comme exemple ce qui s'est passé aux états unis en 2007. Plus d'un million de gens se sont vus saisir leur logement par les banques et le gouvernement n'a pas réagi. Les familles concernées n'ont reçu comme aide d'urgence sous prétexte que les « lois du marché » ne pouvaient permettre une telle intervention et que l'Etat manquait d'argent pour leur venir en aide. Mais maintenant quand ce sont les banquiers et les « gros ventres » de Wall Street qui se « maigrissent », c'est une urgence et on oublie les « lois du marché » . Du coup, l'état trouve de l'argent et mobilise au total prés de 1300 milliards pour « nationaliser » la dette des banquiers par l'argent du contribuable. Dans un contexte différent, cela peut s'appeler de l'escroquerie. Avec ce renflouement le gouvernement américain détourne des milliards de dollars des fonds publics au profit de ceux qui ont fait des fortunes et au détriment des services publics : santé, éducation, transport, etc.
Sur un autre plan, cette crise a mis à nu l'hypocrisie et le double langage des pays riches et des institutions internationales de la mondialisation. En effet, les victimes de la malnutrition dans le monde a progressé de 44 millions en 2008 à cause de la flambée des prix des produits alimentaires passant à 960 millions d'êtres humains. Une situation qui se détériorera à l'heure où l'aide, pourtant dérisoire, consacrée à l'Afrique, va diminuer certainement en raison de cette crise. Cet ouragan financier menace également les objectifs de la Déclaration du millénaire pour le développement voté à l'ONU en l'an 2000 visant la réduction de la pauvreté. Il compromet aussi le Programme Alimentaire Mondial pour la lute contre la faim. Prés de 10 millions de personnes meurent de faim chaque année, pour la plupart des enfants de moins de cinq ans. Le PAM avait lancé pour 2008 un appel aux pays donateurs pour ainsi récolter d'urgence la modeste somme de 2,9 Milliards de dollars afin de limiter les dégâts de ce fléau. Les pays donateurs n'ont versé que 850 millions, soit moins que le tiers de la somme visée. Paradoxalement, en quelques jours ces mêmes pays donateurs d'Europe, d'Amérique, Le Japon, ont réussi à débloquer prés de 1.500 Milliards de dollars pour sauver l'industrie bancaire. C'est très cruel, N'est ce pas ?
Ce que les syndicats craignent, est que la récession provoque la fermeture d'entreprises, le licenciement des travailleurs et une incapacité aggravée de l'Etat, a joué son rôle régulateur : Pis encore : afin de financer le sauvetage des banques et des bourses, les trésors des Etas, vont devoir faire tourner la planche à billets, ce qui risque de nous conduire à un cycle inflationniste mortel pour les travailleurs et les couches sociales modestes.
Il est aujourd'hui très urgent de repenser l'ordre économique et politique dominant. Il n'y a plus désormais de bible économique. La crise actuelle est par contre un aveu d'échec d'un système instauré comme une croyance par les prophètes du FMI et de la BM, à laquelle tout le monde doit se vouer sans faille. Les crises successives de ces dernières années ainsi que d'autres défis tels que les changements climatiques, la dette et la pauvreté auront des répercussions néfastes plus dures encore sur les travailleurs en général et les pays pauvres en particulier . Les institutions financiaires doivent changer et réformer leurs structures de gouvernance. C'est dans ce cadre que la Confédération Syndicale Internationale (CSI) a réétiré son appel pour que les pays du tiers monde bénéficient d'une voix égale à celle des autres pays de façon à réaliser la parité de vote dans les instances internationales.

. Comme vous n'êtes plus membre du Bureau Exécutif de l'UGTT, vous aurez le droit de vous présenter au prochain congrès. Comptez-vous le faire ?
- Le 31 octobre 2008 sera mon dernier jour en tant que membre du BE après plus de 20 ans d'exercice. J'ai donné à l'UGTT, durant mes 32 ans de militantisme, le mieux de moi-même avec beaucoup de loyauté et d'amour. Aujourd'hui je continue à servir mon organisation et mon pays avec autant de passion et de sincérité à partir de mes nouvelles responsabilités. Je vais donc me consacrer pour mon nouveau travail et prouver ainsi le dévouement et les capacités des petits fils de Hached, El Hammi, Tlili et Achour et pour être digne de confiance de l'OIT et de son groupe travailleur.
Interview réalisé par Néjib Sassi


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