Le Caire abritera dans quelques jours un nouveau round de négociations entre les factions palestiniennes sur la base d'un plan de quatre points proposé par l'Egypte devant mener à un gouvernement d'unité nationale. Le premier n'ayant pas fait long feu et même l'accord de la Mecque, avec sa portée hautement symbolique, n'a pas empêché le mouvement Hamas de tout chambarder avec la prise par la force de la bande de Gaza en juin 2007. Depuis, beaucoup d'événements se sont produits rendant difficile la tâche des médiateurs égyptiens. Le mouvement pionnier de la résistance, le Fatah, a perdu de sa présence sur le terrain et surtout à Gaza, après l'élimination récente par le Hamas du clan familial Hillès et ne garde d'influence sur la bande que par les salaires que l'Autorité palestinienne verse aux quelque 70.000 fonctionnaires, dans le but de s'assurer leur fidélité. Mais ceci sert par ricochet le Hamas parce qu'il permet d'aider à donner un peu de souffle à une économie asphyxiée par le blocus israélien. En Cisjordanie, le Fatah « règne » et met la pression sur son rival par la fermeture des associations pro-Hamas ou l'arrestation de certains de ses membres les plus influents. Le déploiement en force, ce samedi, de la police à Al Khalil en est une illustration de la crainte croissante du Fatah sur son autorité sur le dernier territoire qu'il lui reste. Le volet des négociations avec Israël est un autre « handicap » du Fatah. Le blocage sur ce dossier se traduit par un discrédit auprès d'une population palestinienne qui souffre sous le joug de l'occupation. Elle déplore donc « l'impuissance du Fatah ». Aucune percée notable n'a été réalisée malgré les « espoirs » nés de la conférence d'Annapolis. On doit relever que, sur ce volet, le Hamas use et abuse du discours réducteur à l'endroit de son rival en l'accusant de « collaboration » et de « traîtrise ». Paradoxalement, le Hamas qui gère un territoire sous blocus, dispose davantage d'atouts lors de ses négociations. Il arrive à faire survivre la bande de Gaza et ne peut pas craindre de pressions supplémentaires d'autant plus qu'il n'est pas concerné directement par le dossier des négociations avec Israël ce qui va le libérer relativement et le laisser concentré sur le volet interne. Les factions palestiniennes seraient notamment appelées à s'entendre sur la mise en place d'une force de police nationale sans couleurs politiques. Les divergences entre le Fatah et le Hamas vont certainement peser. Pour le Fatah notamment, perdre davantage de sa force militaire pourrait lui être fatal. Autre dossier non moins épineux est celui de la redynamisation de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). La prochaine fin du mandat du Président Abbas (janvier 2009), va s'inviter avec force dans ces négociations. Le Hamas a même menacé de désigner le président du Conseil législatif, Ahmed Bahr, président par intérim. Des négociations qui s'annoncent longues et difficiles et qui, indépendamment de leurs résultats, pourraient s'apparenter à un autre « processus de paix » avec la différence notable, cette fois-ci, que la paix recherchée est plutôt « interne ». Résultat, c'est le peuple palestinien qui se retrouve pris en otage sur deux fronts et pour une durée indéterminée. Il ne faut pas s'étonner, aujourd'hui, de la perte d'aura de la cause palestinienne, du moins, dans l'agenda politique international et dans les médias. Le caractère idéologique du Hamas y a contribué.