A première vue il serait inconvenant d'ignorer l'importance idoine d'un match de football certes amical voire même banal s'il n'était pas révélateur d'un certain nombre de symboles historiques non négligeables. Vu de l'étranger, l'importance donnée au match qui a opposé la Palestine à la Jordanie pourrait sembler anecdotique. Mais la triste réalité est hélas différente et les enjeux aussi. C'est le premier match « à domicile » pour la Palestine « Domicile », dites-vous ! Quel terme chargé de sombre histoire d'iniquité contraignante et d'espoir perdu ! Pour la première fois la Palestine a joué devant son public en liesse compréhensible sur son terrain rénové entre Ramallah et Al Qods grâce à des fonds de la FIFA, un terrain situé à quelques mètres du mur de la honte qui isole la Cisjordanie. Et c'est pour donner à l'événement l'éclat digne des palestiniens que le président de la FIFA Joseph BLATTER et le président de l'autorité palestinienne Mahmoud ABBAS ont assisté à cette rencontre.la FIFA est la première instance internationale à reconnaître la Palestine comme un état indépendant. Sans état mais avec un terrain de foot les palestiniens ont vécu un fait historique même s'il était limité à 90 minutes de jeu sans enjeu sportif mais avec enjeu politique. A l'image de cette nation déchirée la sélection palestinienne se compose d'un groupe disparate de joueurs de Cisjordanie, de Gaza et de ces réfugiés, ces exilés à travers le monde qu'il est impossible de réunir pour s'entraîner à cause du blocus, des difficultés de déplacement et de l'agonie que leur impose Israël. Autre symbole : déchirée par la politique mais unie par le football, la Palestine a saisi cette historique occasion pour donner au monde l'image d'un semblant d'unité mise à mal par les luttes intestines entre le Hamas et le Fatah. Comme l'a dit le défunt poète palestinien Mahmoud DARWICH « le football est la plus noble des guerres ». Certes il ne peut apporter la paix car malheureusement, celle-ci est entre les mains des bâtisseurs de la guerre lente et asphyxiante. Et pourtant aujourd'hui le sport est le seul domaine où le terme Palestine est utilisé. Les Nations-Unies, cette autre organisation aussi gigantesque que la FIFA, ne parlent que de l'autorité palestinienne comme l'ont exigé ceux qui ont falsifié l'histoire, ceux qui détiennent les cartes de la colonisation de l'hégémonie et de l'arrogance. Une chose est sûre : l'histoire ne s'écrit jamais de la même façon.