Trois personnes ont été mises en examen mercredi soir par un juge d'instruction de Nanterre (Hauts-de-Seine) chargé de l'enquête sur un piratage de dizaines de comptes bancaires, dont celui de Nicolas Sarkozy, de son père et de son ex-femme. L'un des suspects a été écroué par un juge des libertés et de la détention, les deux autres laissés en liberté sous contrôle judiciaire. Il s'agit de deux employés d'une agence de téléphonie mobile des Yvelines qui ont sciemment ouvert des lignes téléphoniques avec des coordonnées bancaires obtenues frauduleusement, à la demande de la troisième personne qui aurait sollicité ces ouvertures, selon la même source. Trois autres personnes, un couple de Sénégalais et une employée de boutique de téléphonie de Rouen, ont déjà été mises en examen et écroués jeudi dernier dans ce dossier. L'information judiciaire ouverte le 23 octobre pour "escroquerie en bande organisée", "usage frauduleux de références d'identification bancaire", "falsification et détention de documents administratifs", "divulgation intentionnelle de données figurant dans un fichier automatisé à caractère personnel", ainsi que "complicité et recel", n'a pas encore permis de déterminer comment les mis en examen ont pu se procurer les coordonnées bancaires. Si les enquêteurs ont pensé dans un premier temps que le piratage du compte du chef de l'Etat était le fruit du hasard, la présence de son père et de sa première épouse, Marie-Dominique Culioli, sur la liste des 48 victimes identifiées les fait douter de cette version livrée par les six premiers suspects, a-t-on encore précisé de source judiciaire. Il n'est pas encore établi pourquoi les escrocs présumés ont choisi ces victimes. Au stade actuel de l'enquête, les policiers de la brigade criminelle et de la brigade financière, saisies par le procureur de la République de Nanterre après le dépôt de plainte de M. Sarkozy en septembre, ont pu mettre à jour l'ouverture de 150 lignes téléphoniques au préjudice de 48 personnes qui voyaient leurs comptes débités, pour un préjudice total estimé entre 30 et 40.000 euros. Les escrocs auraient par la suite revendu les téléphones portables dont les abonnements étaient débités des comptes piratés, selon la même source. Un "réseau structuré et organisé" Les enquêteurs ont acquis la certitude qu'il s'agit d'un "réseau structuré et organisé" et qu'ils n'ont pas encore pu identifier toutes les victimes. Le préjudice personnel de Nicolas Sarkozy, qui s'était rendu compte du retrait d'argent frauduleux sur son compte, s'élève à 170 euros. Les escroqueries aux cartes bancaires et sur Internet sont l'une des spécialités des réseaux d'escroquerie africains.