Le Temps-Agences - En visite inopinée en Irak, Condoleezza Rice a salué les premiers résultats de l'opération de sécurité engagée à Bagdad et a invité les Irakiens à profiter de ce "répit" dans les violences pour accélérer le processus de réconciliation. Si les autorités ont signalé une baisse du nombre de morts à Bagdad depuis le début de l'opération "Respect de la loi", les militaires américains se gardent de crier victoire. Ils conservent en mémoire les périodes trompeuses d'accalmie au début de précédentes offensives du même type et craignent un déplacement des violences dans le reste de l'Irak. Un double attentat à la voiture piégée a ainsi fait au moins 10 morts et 60 blessés hier sur un marché bondé de Kirkouk, dans le nord de l'Irak. "C'est un bon début pour eux", a déclaré au sujet de l'opération en cours Condoleezza Rice, dont l'avion a survolé Bagdad pendant une demi-heure avant d'atterrir. "Le plan de sécurité de Bagdad commence à se développer, il importe de comprendre qu'il n'a pas été conçu pour un jour mais pour un certain temps." "Ce qui importe vraiment, c'est la manière dont les Irakiens tirent profit du répit que cela peut créer", a-t-elle insisté. La secrétaire d'Etat a jugé que les dirigeants irakiens devaient accélérer les efforts de réconciliation entre la majorité chiite et la minorité sunnite, s'accorder sur une loi définissant la répartition des revenus pétroliers et organiser des élections régionales. Elle a prévenu qu'elle insisterait sur ces points lors de ses entretiens avec le Premier ministre chiite Nouri Al Maliki, le président kurde Djalal Talabani et le vice-président sunnite Tarek Al Hachémi. La secrétaire d'Etat est également revenue sur les accusations américaines d'implication d'agents iraniens dans les violences en Irak. "Je ne peux assurément pas, et je ne pense pas que le gouvernement américain le puisse, disserter sur l'implication des dirigeants du régime iranien. Mais je pense que l'on peut tenir le gouvernement iranien, dans son ensemble, responsable des activités de ses éléments constitutifs", a-t-elle dit. A Bagdad, les forces américaines et irakiennes ont rencontré peu de résistance dans une opération qui est considérée comme un dernier effort pour mettre fin aux violences intercommunautaires qui menacent de déchirer l'Irak. La violence a diminué ces derniers jours à Bagdad avec le déploiement de milliers de soldats irakiens et américains mais le répit risque d'être temporaire, a dit le général Joseph Fil, commandant des troupes américaines à Bagdad, qui estime que les insurgés réétudient la situation. La police a annoncé la découverte de 11 cadavres vendredi dans les rues de Bagdad, alors que le nombre de corps récupérés quotidiennement dans la capitale approchait la cinquantaine avant le début de l'offensive. D'après le porte-parole militaire irakien Kassim Moussaoui, les meurtres sont en baisse de 80%.