La Commission des Nations Unies pour l'Afrique (UNECA) et la Banque Africaine de Développement ont organisé, hier la troisième Conférence économique africaine annuelle, sous le thème de « Mondialisation, institutions et développement économique de l'Afrique ». Le but étant de fournir un forum d'échange d'idées entre les économistes et les décideurs politiques en vue d'améliorer l'accès à l'information et à la recherche sur les questions économiques et, en conséquence, la qualité de l'élaboration des politiques économiques dans la région. L'organisation de cette conférence s'inscrit dans le cadre du soutien des performances actuelles en matière de croissance économique. Toutefois, la formulation de politiques économiques souffre du manque de recherche et d'information disponibles sur les questions économiques relatives au continent. Outre la thématique principale de la conférence à savoir la crise financière, plusieurs sessions seront relayées par des économistes et des décideurs politiques. A la conférence économique africaine, ont pris part, notamment, Dr. Donald Kaberuka, Président Directeur Général de la Banque Africaine de Développement et M. Mohamed Ghanouchi, Premier Ministre. La cérémonie d'ouverture a été faite par le président de la séance Dr. Kaberuka, qui a brossé un tableau exaustif de la crise financière mondiale. « L'Afrique a été épargnée jusque-là par les premiers effets de la contagion », affirme le PDG de la BAD. Cela s'est traduit principalement par la solidité des institutions bancaires, relativement maintenue, ainsi que la limitation des risques à court terme. Néanmoins, l'hypothèse selonlaquelle l'Afrique n'a pas été touchée par les effets pervers de la crise est à écarter absolument. Comme l'entend bien, d'ailleurs, Dr. Kaberuka : « personne ne pourra échapper aux effets de cette crise, puisque nous constatons déjà la difficulté qu'il y a à accéder à des ressources financières. » En effet, la crise affectera la croissance économique africaine, qui progressait au taux moyen annuel de 6,5%, un taux qui selon les estimations baissera à 5%. S'ajoute à cela la menace qui touche les inducteurs externes de performance de la croissance en Afrique. Par ailleurs, le PDG de la BAD a souligné l'importance du sommet G20 qui se tiendra ce week-end à Washington en vu de mettre au point des solutions efficaces pour contrer la crise financière. Un grand espoir réside dans ce rendez-vous déterminant surtout en ce qui concerne les intérêts des pays pauvres. Pour clôturer son discours, le Dr. Donald Kaberuka a précisé que «les institutions bancaires et non bancaires continuent à recevoir des demandes de financements en forte augmentation à mesure que les bailleurs de fonds privés internationaux se retirent ». Pour sa part, M. Mohamed Ghnannouchi, premier Ministre a déclaré que cette conférence qui se tient à quelques jours du sommet du G20, est une réelle occasion pour faire entendre la voix de l'Afrique auprès des grands décideurs du monde. Quelles seront les attentes, les appréciations et les solutions proposées à l'issue de cette rencontre cruciale ? Telle était en bloc la problématique capitale soulevée par le Premier ministre. Concernant la crise financière mondiale, le Premier Ministre a déclaré qu'il s'agit là d'une crise plus profonde que celle de 1929. Une crise qui a non seulement touché les pays développés, mais aussi les économies émergentes et les pays en voie de développement. En outre, il a salué les mesures entreprises par certains pays tels que les USA, le Japon, et l'Europe, et les a qualifié de « courageuses et dépassant les attentes ». En fait ces mesures se sont traduites essentiellement par la mobilisation d'importants capitaux afin de faire face à la crise et stabiliser le marché financier et rassurer ainsi ses différents acteurs. Le montant des capitaux dégagés s'élève en effet à 3400 milliards de dollar, un chiffre qui appuie fortement les efforts déployés pour assainir la situation financière. Quoique ces efforts n'aient pas encore donné de résultats concluants d'après M. Ghanouchi. « Le spectre de la récession a affecté la demande internationale tout comme l'ensemble des pays du fait de la corrélation du commerce extérieur et la croissance », confie le Premier ministre. Il a qualifié la crise comme crise de confiance, laquelle s'est détériorée entre les banquiers. Et pour cause, les bilans annoncés ne reflètent en aucun cas la réalité de la situation financière de ces institutions. Il importe donc de mettre en œuvre des mesures qui permettent de garantir la relation entre les banquiers et garantir par la même les dépôts Le Premier ministre a appelé à la restructuration sectorielle afin de mieux s'engager dans la démarche de l'accroissement du taux de croissance de l'économie tunisienne, requis de 7%, mais maintenu à seulement 5%. Selon lui, l'Afrique risque d'être pénalisée du fait de la crise financière. Observant déjà le coût de la matière première qui a de nouveau fléchi, ce qui peut affecter le mouvement des capitaux étrangers. La conférence économique africaine se poursuivra les 13 et 14 novembre avec un programme riche en diverses sessions qui s'articulent autour de thèmes diversifiés allant du domaine économique jusqu'au social en passant par le politique. Des solutions sont recherchées à plus d'un titre dans le cadre de la crise financière mondiale. Toutefois, les discours tenus ont surtout laissé entendre que l'avenir de l'Afrique à la suite de la crise dépend par-dessus tout des décisions du sommet du G20. Sommet, auquel, rappelons le , l'Afrique n'a pas été conviée à participer.