Le Temps-Agences - La baisse du nombre des retours des Afghans réfugiés dans les pays voisins entraîne des tensions régionales, entre des pays d'accueil qui souhaitent un départ rapide des réfugiés et l'Afghanistan qui demande du temps pour pouvoir les réintégrer, a-t-on appris auprès de l'ONU. Une insurrection meurtrière, un fort taux de chômage, un manque criant de services publics sont des facteurs clés à prendre en compte, a expliqué hier le secrétaire général du Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR), Antonio Guterres, lors de l'ouverture d'une conférence internationale à Kaboul. Plus de huit millions d'Afghans ont fui au cours des quelque trente années de conflit qui ont déchiré leur pays, entre invasion étrangère et guerre civile, et quelque 5,6 millions sont rentrés chez eux depuis la chute du régime des talibans fin 2001, selon le HCR. Ces réfugiés rentrés en Afghanistan représentent aujourd'hui pas moins de 20% de la population du pays, a souligné Antonio Guterres. "Mais les chiffres ont fortement diminué ces dernières années, alors que dans le même temps, le nombre d'Afghans quittant leur pays, notamment en raison du chômage, est en hausse", a-t-il indiqué. De leur côté, l'Iran et le Pakistan souhaitent le retour en Afghanistan des quelque trois millions de réfugiés enregistrés encore présents sur leur territoire, sans compter les clandestins. "Peu de pays développés pourraient absorber autant de réfugiés que l'Afghanistan l'a déjà fait, sans créer des problèmes économiques et sociaux", a relevé le responsable de l'ONU, tout en reconnaissant que le sujet "des réfugiés et des autres formes de mouvements de population peut représenter une source de tension dans la région". Pour sa part, le ministre pakistanais des Etats et des régions frontalières, Najmuddin Khan, a déclaré que les communautés pakistanaises accueillant des réfugiés "en ressentaient désormais tout le poids" et devaient recevoir une compensation. Le gouvernement iranien considère de son côté que le retour des réfugiés afghans est l'un de ses objectifs les plus importants, selon le vice-ministre de l'Intérieur iranien Abbas Mohtaj. "En raison des nombreux problèmes causés par la présence sur le long terme d'une communauté de plusieurs millions de réfugiés et de la lourde charge qu'ils représentent pour l'Iran, leur retour est une nécessité indispensable", a-t-il assuré dans un communiqué distribué sur place. Depuis un an, Téhéran a expulsé des milliers de clandestins afghans venus chercher du travail en Iran. En conclusion de la conférence, Antonio Guterres a déclaré à la presse que les participants avaient reconnu "la capacité limitée d'absorption de l'Afghanistan" et promis de soutenir le développement du pays et des projets pour créer les conditions d'un retour des Afghans.