Oui, c'est vrai: les droits de l'Homme : "c'est une action de tous les jours". Ce n'est pas une charte figée qu'on commémore une fois l'an avec les volubilités de l'auto-satisfaction. Ce n'est pas non plus un modèle qu'on importe, qu'on transpose dans des gabarits standards. Mais on ne peut pas les remodeler – telle une pâte à modeler justement – au nom des spécificités inhérentes à chaque culture, chaque société et selon les pesanteurs religieuses. Il est en effet des règles incontournables : le droit à la dignité , le droit à la démocratie, le droit à la liberté d'expression, le droit à l'emploi, le droit au logement, le droit à la santé etc… C'est en cela l'universalité des droits de l'Homme. La conférence de Tunis aura mis le doigt sur la plaie béante des droits de l'Homme en ces temps de récession économique, en ces temps de guerres de religions et de conflits des civilisations. Il y a comme une cassure dans la solennité dont était drapée la notion d'universalité des droits de l'Homme. Car autant à l'émergence d'un monde sans frontières, la globalisation a attisé les passions exacerbées des nationalismes. Lorsqu'on nous dessine un Grand Moyen-Orient fondé sur la démocratie et les droits de l'Homme et que ceux qui en sont les concepteurs bétonnent une sinistre forteresse répondant au nom de Guantanamo, ces droits de l'homme sont mis à mal et n'emballent plus personne. Et d'ailleurs cela fournit de bons prétextes de rétention aux régimes réticents, aux rouages de pouvoirs autocratiques et liberticides. Cela dit, affirmer que les droits de l'Homme ne peuvent être que politiques, comme c'est dans la vision des Démocraties Occidentales, procède d'une perception réductrice. Croire en revanche qu'on peut faire abstraction de la donne politique au profit d'une forte (et exclusive) connotation économique reviendrait à dénaturer quelque peu ces droits dans leur essence originelle. Il n'empêche: ce sont les mouvances du monde qui infléchissent le cours des droits de l'Homme. Hier l'Amérique a accusé une perte de cinq cent trente trois mille emplois. L'Etat fédéral a l'obligation d'y remédier. Car tout Américain en mesure de travailler a droit à un emploi. Ce sont les droits de l'Homme. Et tout aussi incisifs que leur droit à élire un président noir.