Le temps a horreur de ce qui se fait en dehors du temps. Si on bouscule le temps, on rate l'objectif. Si par contre on le laisse trop lentement s'écouler, on arrive en retard. Toute œuvre humaine suppose, d'abord, son intégration culturelle. Qu'elle soit civique, politique ou économique, une œuvre humaine porte en elle ses déterminismes propres et un modèle socio-culturel spécifique. Les spécificités propres aux pays, aux peuples et aux cultures ne sauraient être en contradiction avec l'universalité des droits de l'Homme. Des droits universels, donc, inaliénables et qui ne se discutent pas. Il n'existe guère, en effet, de prééminence d'un droit par rapport à un autre. Dans leur acceptation la plus large, les droits de l'Homme représentent un brassage des genres et un creuset dans lequel se fondent les aspirations des peuples à l'équité, à la justice, à l'égalité et à la démocratie. Pour que ces droits de l'Homme deviennent opérationnels dans les nations évoluées il a fallu des décennies d'apprentissage. Et en ce qui concerne la Tunisie, le Chef de l'Etat a encore précisé que « la voie est ouverte devant notre pays pour progresser davantage sur ce même parcours ». Cette vision prospective est porteuse de deux messages. Un premier à méditer par les adeptes de la langue de bois et qui versent dans une autosatisfaction coquine. Le deuxième à méditer par tous les maximalistes, les défenseurs du « droit de l'Hommisme », les donneurs de leçon de tout acabit qui croient que la Tunisie doit importer des modèles contre-nature. Cela dit, c'est la démarche et les fondements qui comptent. Le raffermissement des droits de l'Homme dans notre pays stimulerait une démocratie plus opérationnelle ; il stimulerait encore plus les libertés. Mais ces droits de l'Homme ne seraient pas porteurs d'un projet de société s'ils négligeaient l'importante de la donne économique : l'emploi, le logement, la santé etc... Et c'est là que la vision tunisienne gagne en pragmatisme. Surtout avec la dynamique de solidarité et l'implication des jeunes dans leur propre avenir.