* Finalement c'est dans la famille qu'on torture les enfants. Et c'est ainsi qu'elle trace me destin de sa progéniture : délinquance, criminalité... Malgré l'armada de textes législatifs et de structures susceptibles de protéger les enfants contre la violence, cette tranche d'âge vulnérable, subit plusieurs formes de ce phénomène. D'ailleurs, la définition du concept fait l'objet d'un débat, car il change de profil et touche différents aspects ; violence physique et morale, directe et indirecte. Les spécialistes parlent actuellement de la violence numérique, sur le net ou sur les téléphones mobiles suite à la propagation des technologies nouvelles de l'information et de la communication. Beaucoup de questions ont été posées hier, lors de la journée d'étude tenue au siège du Centre de la Défense et de l'Intégration Sociale à Mellassine. Des spécialistes se sont réunis autour d'une table pour parler des mécanismes de protection des enfants contre la violence. Des enfants confrontés à la violence il y en a certes dans les différents milieux socioéconomiques. Pour cerner ce problème, le Centre de la Défense et de l'Intégration Sociale à Mellassine a réalisé une étude sur un échantillon composés de 60 enfants victimes de cette pratique et qui ont été accueillis dans cet établissement. Les données présentées lors de la journée d'étude font froid au dos. C'est dans le milieu familial (82 %) que cette tranche d'âge est exposée à la violence. Elle est le plus souvent exercée par l'un des parents ou par le beau-père en cas de divorce. En fait, c'est dans les familles en difficulté et vivant dans la précarité où des problèmes de ce genre se posent le plus souvent. Les chiffres présentés démontrent que 57 % des familles monoparentales (à cause du divorce) exercent la violence contre leurs progénitures et 46 % de ces structures sont en situation précaire. En dressant le profil des parents violents, la représentante du centre a précisé que la majorité est âgée entre 45 et 65 ans et ne dispose pas d'une formation scolaire qualifiée. Des pères alcooliques (27 %), toxicomanes (13 %) joueurs (15 %) n'hésitent pas à violenter leurs enfants gratuitement ou par vengeance du partenaire. Ils sont d'ailleurs nombreux à leur faire subir ces drames. Vice-versa, les mères très souvent angoissées, ne se maîtrisent pas et se défoulent en battant leurs mômes. Des punitions très agressives et touchent même à la dignité de cette population. 5,7 % des cas ont été victimes de maltraitance physiologique. Ces adultes n'hésitent même pas à les « massacrer » en leurs rasant les sourcils ou les cheveux. Ce sont les filles qui subissent cette punition en plus des brûlures, de la privation de nourriture et des besoins de base ou même l'expulsion de la maison.
Expériences difficiles à vivre Le bilan est certes lourd. Les conséquences se sont tout autant. Vivre une telle expérience, dans des conditions difficiles ne pourraient que produire une population agressive, des enfants délinquants et des criminels. A cet égard, la représentante du centre a précisé que 12 % des enfants ayant fait l'objet de cette étude ont intégré des gangs, 5 % sont devenus accros aux substances et au tabac et 40 % ont abandonnés leurs études. 19 % de l'échantillon ont fugué et 5 % d'entre eux ont commis des vols. Pour venir en aide aux enfants violentés, le centre intervient à travers un ensemble de mécanismes, notamment, l'écoute, l'encadrement et la formation, le contact des parents... « Nous avons atteints des résultats à ce niveau. Nous avons réussi à changer le comportement en ces enfants qui incarnent ces pratiques et les reproduisent dans la société », d'après M. Ali Harrathi directeur du centre. Une panoplie de mesures et de lois existent dans notre pays pour protéger les enfants contre plusieurs aspects de violence, dont le Code de l'enfance, le Juge de l'enfant et de la famille et les centres d'accueil. Toutefois, des enfants sont encore exploités et même impliqués dans des réseaux de mendicité. Ils font face à des difficultés énormes. « Il existe même des parents qui poussent leurs enfants vers ces pratiques (mendicité). Ils cherchent le gain facile », déclare M. Bel Aïd Ouled Abdallah, sociologue. Les verdicts prononcés par les magistrats à ce niveau restent sans résultats et non dissuasifs, c'est ce qui explique la récidive des parents qui « n'hésitent pas à louer leurs enfants contre 10 à 20 dinars par jour », d'après le sociologue.