Les pompes funèbres claquent comme une gifle au visage de l'Amérique. Mettant le président Bush dans ses petites chaussures. Les armes de dérision massive sont enfin trouvées. Avec ses gros sabots, George Bush a cru qu'il pouvait façonner le Proche-Orient à sa guise. Echec sur toute la ligne, et coup de pompe à l'horizon. De quoi même faire oublier un temps le bruit des bottes de l'Oncle Sam, dans un grand éclat de rire. Les armes de dérision massive sont toutes trouvées. Mais on a aussi appris que le futur ex-président américain sait esquiver les chaussures. Surtout que le lanceur, le journaliste irakien Muntadhar Al-Zeidi n'était qu'à six mètres de sa cible. Et si Bush n'était pas vraiment préparé à la guerre, comme il l'a avoué tout récemment, il a su, pour une fois, faire preuve d'une souplesse et d'un réflexe admirable. Les masses seront un peu frustrées. Toujours est-il que jamais un soulier n'a autant suscité autant de commentaires. Exception faite, peut-être de Nikita Krouchtchev qui a utilisé sa godasse soviétique pour protester, aux Nations-Unies, en 1960. Mais le geste de Zeidi est tout de même plus spectaculaire. «C'est un baiser d'adieu» pour une «espèce de chien» a hurlé le lanceur, vengeur des veuves et orphelins de l'Irak. Le journaliste n'a été maîtrisé et accessoirement tabassé (une côte et un bras cassé, tout de même) qu'après son deuxième lancer. Un acte salué par des Arabes éberlués (comme toujours) devant leur petit écran. Manifestations de soutien, applaudissements. La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a appelé à la libération sans condition du journaliste. Selon elle, «sa protestation ne fait que refléter la colère profonde pour le traitement subi par les civils irakiens pendant quatre ans d'occupation américaine dont les journalistes ont été des victimes majeures». Même son de cloche auprès de notre Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). L'avenir du reporter paraît même assuré. Une chaîne libanaise, la New TV (NTV), s'est déclarée «prête à payer la caution pour sa libération et à assurer les frais des avocats de défense». Une responsable lui a même fait une offre d'emploi, en précisant que Zeidi sera payé, «à compter de l'instant où la (première) chaussure a été lancée». Jamais les Etats-Unis n'ont connu une aussi calamiteuse présidence. Après avoir voulu démocratiser l'Irak, Bush a dû essuyer la révolte sunnite, les attentats suicides, bref l'enlisement dans le bourbier aussi oriental que compliqué. Et pour finir, ces pompes funèbres claquent comme une gifle au visage de l'Amérique. Mettant le président Bush une fois de plus dans ses petites chaussures. Ne reste plus qu'à déterminer la véritable pointure d'Obama.