Le Temps-Agences - L'année 2008 a marqué un tournant en Irak et 2009 promet d'être décisive. Six ans après le début de son intervention, l'armée américaine va commencer à se désengager des opérations de combat après un fort recul de la violence ces douze derniers mois. Et les Irakiens seront appelés aux urnes lors d'élections régionales et législatives, susceptibles de fournir des indices clés sur la situation réelle en matière de sécurité. Si les événements se déroulaient sans heurts, le chemin d'une relative stabilité pourrait s'ouvrir en Irak. En cas d'échec, en revanche, une nouvelle spirale de violences pourrait s'enclencher. Et le risque d'échec est élevé. La suspicion et l'amertume continuent d'être fortes entre chiites, sunnites et Kurdes, même si les attaques ont diminué de 80% depuis mars dernier, selon l'armée américaine. L'Irak reste un pays où des millions d'habitants souffrent pêle-mêle d'un manque de sécurité, d'emplois, d'eau potable, d'électricité, et d'espoir. Les perspectives pourraient néanmoins être les plus favorables qu'aient connues les Irakiens depuis le début de la guerre en mars 2003. Les forces américaines et irakiennes ont réussi cette année à avoir le dessus dans les combats contre les extrémistes sunnites et chiites. Les violences à Bagdad et dans d'autres villes sont tombées à des niveaux jamais vus en l'espace de cinq ans. L'année qui s'annonce dira si les Irakiens peuvent bâtir un système politique dans lequel les différentes communautés ethniques et religieuses jugent que le pouvoir est partagé équitablement. Des élections régionales prévues pour le 31 janvier dans 14 des 18 provinces irakiennes et le scrutin législatif attendu avant la fin de l'année 2009 offrent aux Irakiens une chance de désigner des dirigeants qu'ils estiment capables de représenter leurs intérêts. La plupart des sunnites et nombre de chiites ont boycotté les dernières élections régionales en janvier 2005. Et beaucoup d'Irakiens, estimant que le Parlement national choisi cette année-là ne sert plus leurs intérêts, sont avides de changement. Beaucoup dépendra de la façon dont la nouvelle administration américaine gérera la révision à la baisse de ses troupes, fortes de quelque 150.000 hommes, dans le pays. Le président-élu Barack Obama souhaite disposer de ressources supplémentaires pour l'Afghanistan. En vertu du pacte de sécurité récemment conclu par les Etats-Unis et l'Irak, les forces américaines doivent se retirer des villes irakiennes d'ici fin juin et quitter le pays avant fin 2011. Le Pentagone envisage déjà de rappeler quelque 8.000 soldats en février. Barack Obama souhaite que toutes les troupes de combat aient quitté l'Irak au printemps 2010, pour n'y laisser qu'une force de formateurs, contrôleurs aériens, conseillers et militaires chargés de logistique jusqu'à la fin de la mission. Le Président-élu a cependant promis de consulter ses commandants et le gouvernement irakien avant d'ordonner les retraits. La Grande-Bretagne compte, elle, retirer ses derniers soldats -au nombre de 4.000- d'ici le mois de juin. Si les responsables américains évoquent publiquement en termes dithyrambiques les améliorations au sein des forces irakiennes, certains haut gradés militaires doutent en privé de la capacité des Irakiens à être prêts à assurer la sécurité de leur pays une fois les Américains partis en 2011. Des responsables américains et irakiens ont souligné les succès de l'armée irakienne contre les militants chiites à Bassorah (sud) et dans le quartier de Sadr City à Bagdad au printemps. Mais le succès est intervenu seulement après des mutineries dans les rangs irakiens, et a exigé un fort soutien logistique et aérien des Américains en plus de l'intervention politique de l'Iran, qui a joué un rôle de médiateur en faveur d'un cessez-le-feu à Bassorah. On a beaucoup moins parlé des résultats de l'armée irakienne à Mossoul (nord), où les forces américaines et irakiennes tentent de mettre un frein aux activités des extrémistes sunnites, dont ceux d'Al-Qaïda en Irak. Les deux scrutins attendus en 2009 auront valeur de tests importants. Les commandants américains estiment que les insurgés vont intensifier leurs attaques pour perturber la campagne. Et certains, dans la classe politique irakienne, s'inquiètent du recours gouvernemental aux forces de police pour intimider les candidats de l'opposition.