Les champignons sont énormément appréciés en Tunisie pour leurs valeurs nutritionnelles et leurs qualités gustatives. Toutefois, certains d'entre eux sont susceptibles d'entraîner des troubles digestifs, voire des intoxications aiguës. Toutes les questions liées à ce sujet ont été débattues hier, matin, à Tunis au cours d'une journée scientifique sur les intoxications aux champignons, organisée par la Société tunisienne de biologie clinique (STBC). Cette rencontre à laquelle ont été conviés d'éminents spécialistes et experts d'Algérie, de France et de Tunisie, a soumis à la réflexion des thèmes d'actualité permettant de détailler les dangers de cette espèce fongique et de donner des conseils pratiques, le cas échéant. Le Dr Amamou Mouldi, chef de service de réanimation et de soin intensif toxicologique qui a donné une communication sur les champignons en Tunisie, a souligné que l'intoxication aux champignons n'est pas un phénomène exclusivement tunisien mais plutôt universel. Toutefois, a fait observer l'orateur, la vigilance reste toujours de mise. En Tunisie et selon une étude sur les champignons toxiques effectuée dans 9 gouvernorats et 18 localités du pays,35 espèces de champignons de toxicité variable ont été retrouvées. Le plus grand nombre de champignons a été récolté à Jendouba (9 espèces toxiques à Aïn Draham et 13 à Tabarka, 6 à Sejnane, 5 à Mornag, 4 à Radès; 6 à Béja, 4 à Nefza, 1 au Kef, 5 à El Ksour, 4 à Zaghouan, 1 à Tunis et Kasserine). L'étude en question qui n'a pas encore pris fin, a confirmé la présence en Tunisie d'une trentaine de champignons provoquant de véritables intoxications. De manière générale, fait ressortir l'étude, la plupart des empoisonnements aux champignons surviennent entre octobre et novembre, au moment où la pousse est abondante, ce qui augmente les risques de confusion entre les champignons toxiques et ceux comestibles. Innovation majeure, l'étude a montré la toxicité de certains champignons, jusqu'ici comestibles. Volet causes, M Philippe Savluc du centre de toxico vigilance CHU de Grenoble, a souligné qu'à l'origine de certaines intoxications, la méconnaissance de consommateurs qui n'arrivent pas à identifier les espèces toxiques et la forte ressemblance entre les champignons. En Tunisie, l'arrivée des signes de l'intoxication est généralement tardive. La première phase débute au bout de quelques heures par des vomissements et une diarrhée. La seconde phase se caractérise par une atteinte hépatique grave. S'agissant des moyens de prévention, le Dr Amamou a souligné l'importance de la sensibilisation à travers la vulgarisation d'une information proportionnée au risque, sans omettre de cibler un public sensible (couches sociales défavorisées) et de concilier intérêt économique et santé dans le dessein de préserver la santé des citoyens.