La contrefaçon des médicaments est un sujet de fortes préoccupations tant pour les pouvoirs publics que pour les entreprises. "Si son évolution est inquiétante dans les pays en développement et dans certains pays industrialisés comme les Etats-Unis, la Tunisie est encore aujourd'hui protégée contre d'éventuels risques, a fait remarquer Pr Amor Toumi haut fonctionnaire à l'Organisation mondiale de la santé lors du dernier salon Saïdalya organisé à Hammamet. « Ces produits contrefaits, dit-il, sont étiquetés frauduleusement de manière délibérée pour en dissimuler la nature et/ ou la source. La contrefaçon peut concerner aussi bien des produits de marque que des produits génériques, et les médicaments contrefaits peuvent comprendre des produits qui contiennent les principes actifs authentiques mais un emballage imité, ou d'autres principes actifs, aucun principe actif ou des principes actifs en quantité insuffisante. La contrefaçon des médicaments ne sévit pas de façon égale dans le monde. Certaines zones géographiques sont plus concernées que d'autres. La contrefaçon de médicaments concernerait 6 % du marché mondial, selon l'OMS. Les produits cibles des contrefacteurs sont surtout des produits à forte valeur ajoutée, mais aussi des produits dits « de conforts » ou « de société », comme des anorexigènes, hormones ou traitements du dysfonctionnement érectile. L'Europe n'est pas non plus épargnée. Mais dans une moindre mesure. Certains pays comme le Royaume-Uni, le Portugal ou encore les Pays-Bas ont récemment connu quelques cas. Certains pays arabes et surtout asiatiques (Chine) et d'Amérique Latine (Pérou) sont touchés par cette contrefaçon ».
Violation commerciale La contrefaçon est une violation commerciale. « C'est une activité criminelle. Elle finance le grand banditisme et les réseaux mafieux », a précisé M. Toumi qui ajoute, « Un faux viagra fabriqué en Asie permet un profit de 6000%. Le profit de certains autres médicaments peut atteindre plus de 20.000 %. Qu'est ce qui rend possible la contre-façon ? Tout d'abord, une réglementation inadéquate, le système de vente par Internet, les transits entre les zones de libre échange, l'absence d'accès aux soins de santé et aux médicaments, les contrôles inefficaces, l'importation parallèle, les intermédiaires, les prix des médicaments et la pauvreté. Tous ces facteurs favorisent la contre-façon. Dans les pays fortement réglementés, moins 1 % des produits est contrefait. Dans les pays faiblement réglementés, plus de 2 % des médicaments sont contrefaits. Certains pays atteignent des taux de 50 %. Les produits vendus sur Internet sont à 50 % contrefaits. La contrefaçon est développée dans les zones où l'autorité réglementaire est faible. Pour endiguer ce fléau, l'Organisation Mondiale de la Santé a réagi depuis 1980. Plusieurs résolutions ont été prises pour lutter contre ce fléau. L'OMS a lancé une initiative en 2006 qui s'est matérialisée par une convention intitulée IMPACT tenu récemment à Hammamet où 193 pays et autres organisations mondiales sont impliqués et engagés pour maintenir des actions contre les médicaments contrefaits dans le domaine de la santé publique."
La Tunisie préservée de la contre-façon Si l'évolution de la contre-façon des médicaments est inquiétante dans les pays en développement et dans certains pays industrialisés comme les Etats-Unis, la Tunisie est, aujourd'hui, protégée contre d'éventuels risques et comme l'affirme Dr Abdelkrim Hamrouni président du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens de Tunisie. "La Tunisie est préservée parce que nous avons un système de distribution sain et clair. Les médicaments sont importés exclusivement par la pharmacie centrale de Tunisie, les médicaments fabriqués en Tunisie sont contrôlés par un laboratoire. Nos produits sont sains et nous n'avons aucune contre-façon dans nos officines. Il est vrai, ajoute Dr Hamrouni, que "dans certains kiosques, certains commerçants vendent des médicaments en unités, je préviens nos patients de ne plus acheter ces médicaments qui ne sont pas fiables. Une fois exposés à la chaleur, ils perdent de leur efficacité et ils ne sont pas conservés à la température idéale. De plus, ces médicaments sont souvent officines. Sur Internet, il ne faut pas aussi acheter ces médicaments car dans la plupart des cas ils sont contrefaits. Par précaution et parce qu'on ne peut pas savoir ce que contiennent les médicaments vendus sur Internet, il est déconseillé d'acheter des médicaments à distance sans l'aide d'un pharmacien. Nos médicaments sont bien contrôlés et je peux dire que nous avons une douane qui fait bien son boulot. Rien ne passe. Il n y a pas de contrebande et en Tunisie nous sommes préservés," conclut Dr Hamrouni