Le Temps-Agences - L'Ethiopie a entamé le retrait de ses troupes de Somalie, où elles soutenaient depuis deux ans le gouvernement de transition face aux insurgés islamistes, a annoncé hier un haut responsable à Addis-Abeba. "Le retrait de nos troupes de Somalie est entré dans sa phase de mise en oeuvre", a déclaré Bereket Simon, conseiller spécial du Premier ministre Meles Zenawi. "Le retrait ne peut pas être achevé en une journée. Il doit être finalisé le plus rapidement possible", a-t-il dit. Un convoi de camions avec à leur bord des militaires éthiopiens, des matelas et du matériel de cuisine, a quitté hier matin la capitale somalienne, Mogadiscio, ont indiqué des témoins. "Nous avons vu des soldats éthiopiens quittant Mogadiscio à destination d'Afgoye", a dit l'un d'eux, à propos d'une ville située à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale. Ce témoin a précisé que le passage du convoi s'était déroulé sans incidents, la route principale reliant Mogadiscio à Afgoye ayant été fermée à la circulation civile dans la matinée. A Afgoye, un habitant a déclaré avoir "vu 28 véhicules éthiopiens entrant dans la ville". Les troupes éthiopiennes à Mogadiscio ont été la cible d'une violente explosion aux premières heures d'hier sur la route menant à l'aéroport. Deux soldats et plusieurs civils ont péri dans cette explosion, ont indiqué des témoins. Le repli éthiopien risque de créer un vide du pouvoir dangereux dans ce pays en proie à l'anarchie depuis 1991, et où des renforts de soldats de l'Union africaine doivent être envoyés pour appuyer les 3.200 militaires de l'Union africaine (UA) déjà sur place. Selon des responsables de l'UA, quelque 2.500 soldats ougandais, burundais et nigérians sont prêts à se déployer en renfort en Somalie mais des obstacles d'ordre financier et logistique les empêchent toujours de remplacer les troupes éthiopiennes sur le départ. La fin de la présence éthiopienne en Somalie et la démission, cette semaine, du président Abdullahi Yusuf, sont a priori des événements propices à la formation d'un gouvernement élargi qui pourrait oeuvrer en faveur de la paix, ont déclaré des diplomates et des analystes. Mais certains responsables islamistes ont fait savoir qu'ils poursuivraient la lutte armée contre le gouvernement une fois le contingent éthiopien parti, et un groupe d'opposition considéré comme indispensable à l'établissement d'une paix durable boycotte l'idée d'un gouvernement d'union et redoute une nouvelle guerre civile en Somalie. Actuellement, après deux années d'insurrection, les islamistes contrôlent la majeure partie du sud et du centre de la Somalie et mènent pratiquement chaque jour des attaques contre les forces gouvernementales dans Mogadiscio. Les rebelles islamistes sont toutefois divisés. La branche la plus radicale, « Al Chahab », qui figure sur la liste américaine des organisations "terroristes", appelle au djihad . Des éléments plus modérés, au sein de l'Union des tribunaux islamiques, appellent quant à eux à des négociations. Une organisation islamique modérée, Ahlu Sunna Waljamaca, s'est juré de chasser Al Chahab de Somalie. Elle l'accuse d'avoir assassiné des dignitaires religieux et d'avoir profané des tombes, actes contraires, selon elle, aux enseignements de l'Islam. Ces deux tendances s'affrontent tous les jours dans le centre de la Somalie. Le week-end dernier, par exemple, « Ahlu Sunna Waljamaa » a pris deux villes à Al Chahaab.