- Malgré les recherches, le chiffre ne change pas : 26 disparus ! - Six rescapés aux arrêts ; deux autres en état de fuite La catastrophe du bateau qui a chaviré au large de la Marsa avec 35 émigrants clandestins à bord, continue à être le principal objet de polémiques dans la banlieue Nord de Tunis. On commence à identifier les jeunes qui ont participé à cette expédition vers l'Italie qui a tourné au cauchemar. Il s'agit essentiellement de jeunes de « Aïn Zaghouan » ( treize apparemment dont sept d'une même ruelle) et du Kram Ouest ( on parle de sept). D'autres jeunes ayant caressé le rêve de l'Italie, ont laissé pleins de questions derrière eux et, surtout, des parents dans le désarroi le plus absolu et auxquels « Le Temps » a rendu des visites et posé des questions.
Parents en désarroi Du côté de ces familles, c'est le désarroi. Que ce soit au Kram-Ouest ou à Aïn Zaghouan, l'inquiétude est palpable. Les parents sont livrés à eux-mêmes. Personne ne leur a donné le moindre indice. On leur a même caché les noms des rescapés. Des « sources » ont certes avancé des noms sur les éventuels rescapés. Mais ceci reste dans le domaine des spéculations tellement les versions des faits sont multiples. Une enquête a été ouverte et il est clair que les autorités ont dressé une liste des éventuels émigrés clandestins qui étaient sur le bateau sur la base des éléments fournis par les rescapés. Mais cette liste est, paraît-il, approximative. On nous affirme que : « les autorités ont demandé des informations auprès des familles dont des membres sont susceptibles d'avoir fait partie de ce naufrage. La majorité des requêtes est fondée. Mais l'un des jeunes cités parmi cette liste était cette nuit-là à Kélibia et n'a jamais fait partie de ce groupe. Le flou le plus complet entoure le sort de nos enfants » C'est donc le désarroi le plus complet pour des parents qui prient pour que le destin épargne leurs enfants d'une fin aussi tragique : « Nous gardons encore de l'espoir tant qu'aucun cadavre n'a été retrouvé. Nous demandons que l'on nous informe des résultats de recherches. C'est la volonté de dieu et nous ne saurons nous y opposer », disent-ils.
Recherches Sur la plage de la Marsa, un périmètre de sécurité a été quadrillé par les forces de l'ordre et les consignes sont claires pour empêcher les curieux de s'approcher. On voit de loin les unités de la protection civile et des gardes-côtes procéder à des opérations de recherche. Le public est rassemblé sur la corniche et les spéculations vont bon train sur les éventuelles découvertes. Il n'empêche que les « fuites » sur les recherches affirment que : « trente unités de la protection civile et des gardes-côtes participent aux recherches. Un seul cadavre a été déjà repêché. Le bateau a été également récupéré ». De vieux marins expliquent aux jeunes lycéens perplexes face à cette tragédie : « S'il y a des noyés, ce n'est pas évident de les retrouver assez vite. Les corps restent au moins 36 heures pour réapparaître en surface. Et il ne faut pas oublier les effets des courants marins qui peuvent les éloigner de la plage ! Il se peut aussi que quelques uns ont regagné la côté et se sont dérobés des yeux des autorités»
Reconstitution de l'expédition Le recoupement des histoires des uns et des autres aboutit à cette version des faits : « 35 jeunes de la Banlieue Nord (Aïn Zaghouan et le Kram-Ouest, essentiellement) se sont entendus pour voler un bateau qu'ils avaient déjà repéré auparavant pour émigrer en Italie. Ils sont passés à l'action vers deux heures du matin dans la nuit du 18 au 19 janvier. Au bout de moins d'une heure de traversée, le bateau s'est échoué sur un rocher, a chaviré et a pris de l'eau. Un état de panique s'est emparé des émigrants clandestins. Chacun est livré à lui-même. Ils ont cherché tous à regagner la côte à la nage. Le premier ayant atteint cet objectif, un prénommé « Batiha » a donné l'alerte. Au total, ils étaient cinq à réussir à atteindre la côte de La Marsa - Sidi Abdelaziz. Les unités de la protection civile ont repêché, ensuite, un cadavre. Trois autres rescapés ont regagné la côte et ont pris la fuite. L'un d'eux a été arrêté alors que les deux autres sont activement recherchés par les forces de l'ordre. Six rescapés sont aux arrêts, deux sont en fuite et un cadavre repêché. Aucun nom n'a été toutefois divulgué » Le naufrage de la Marsa n'a pas encore livré tous ses secrets.