Cinq mois après son sacre olympique, l'équipe de France masculine de handball sera en quête d'un doublé historique et de son troisième titre mondial en 14 ans lors de la finale des championnats du monde qui va l'opposer à la Croatie, pays organisateur de la compétition, aujourd'hui à Zagreb. Cette affiche, annoncée bien avant l'échange des premiers balles de l'épreuve il y a deux semaines, s'impose de manière logique tant les deux nations ont éclaboussé le tournoi de leur supériorité. Pour la sélection tricolore, fortement retouchée depuis Pékin et partie en Croatie sans tous ses repères, cette finale serait un peu la cerise sur le gâteau si les Bleus n'avaient pas tant d'appétit. "On va s'appliquer. Il y a beaucoup de jeunes dans cette équipe qui ne sont pas champions du monde et qui boucleraient bien la boucle sur un titre", avance l'entraîneur tricolore, Claude Onesta. Déjà champion d'Europe et champion olympique, le technicien français compléterait lui aussi son palmarès si son équipe s'impose. Sur leurs terres, les Croates champions olympiques à Atlanta en 1996, auteurs ensuite du doublé Mondial - Jeux olympiques en 2003 et 2004 au Portugal et en Grèce mais qui n'ont rien gagné depuis cette médaille d'or des JO d'Athènes, sont encore plus ambitieux. Seule équipe ayant remporté ses neuf premiers matches du tournoi, la formation croate est portée par la confiance tout autant que par tout un peuple mordu de la petite balle et fier de ses couleurs. En Croatie, les Tricolores ont imposé un style tout en maîtrise et en sérénité. Les "Experts" ont oeuvré avec une grande précision. "Peut-être que le titre olympique nous a un peu libéré, donné beaucoup de confiance et éclairé sur nos capacités", note le gardien Thierry Omeyer. "Il se trouve que depuis l'Euro en Suisse (NDLR : 2007) cette équipe est arrivée à maturité et les joueurs grandissent à chaque compétition et gagne en régularité et en savoir-faire". Mardi dernier, les Croates ont battu les Bleus (22-19) lors du dernier match sans enjeu du tour principal. Mais autant les Français n'en font pas un complexe, autant Lino Cervar, l'entraîneur croate, sait ne pas pouvoir tirer beaucoup d'enseignements du succès de son équipe. Ce jour-là, la France avait grandement ménagé ses cadres. Elle jouait, aussi, sans son capitaine, Jérôme Fernandez et sans le patron de sa défense Didier Dinart. Victime d'une lésion musculaire Dinart jouera dimanche. Dans l'incertitude, le camp français avait, dans la semaine sorti Joël Abati de sa retraite internationale. "Le Révérend" a joué quelques minutes et marqué contre le Danemark en demi-finale vendredi (27-22). Peut-être pourra-t-il s'offrir une dernière "Grande Messe" à Zagreb ? "Je réalise qu'il y a encore un match et qu'il sera difficile. Cela va être une belle corrida", pronostique le Toulousain Onesta. A Zagreb, les Bleus devront être hermétiques à l'énorme pression descendue des gradins. Craints, les Bleus ont été parfois hués depuis le début de la compétition, notamment Nikola Karabatic, l'enfant du pays passé chez l'ennemi. Le seul vrai danger tient dans un relatif manque de fraîcheur des Tricolores. La blessure de Dinart notamment n'a pas permis d'opérer toutes les rotations souhaitables. Par ailleurs les doublures tricolores encore insuffisamment aguerries n'ont pas été toutes convaincantes. Mais les "Experts" sauront faire un dernier effort pour imiter les "Barjots" qui avaient ouvert la voie au handball français en remportant le titre suprême en 1995 en Islande. C'était déjà aux dépens des Croates