Malgré les effets de la crise, certains pensent que les opportunités à saisir ne manquent pas, aussi paradoxal que cela puisse paraître. En tant que pilier de l'industrie nationale, le secteur du textile-habillement a néanmoins été jusque-là l'un des secteurs les plus touchés par la crise mondiale, derrière le secteur mécanique. Comment peut-on saisir les opportunités, au moment où les professionnels du secteur déplorent de plus en plus la dépréciation substantielle de leurs indicateurs. Des emplois supprimés, commandes annulées, activité ralentie, investissements suspendus : le secteur a été frappé de plein fouet.
Etant le 5éme fournisseur en textile et habillement de l'Europe, la Tunisie a été bousculé par les retombées de la crise. En effet, les exportations au mois de novembre 2008, ont enregistré une baisse significative de 6,4% en valeur et de 7,4% en quantité comparativement à l'année 2007. Idem pour les importations, qui ont accusé une baisse de 7,8% en valeur et de 4,2% en quantité. La demande devient volatile ; la concurrence plus rude. Il faut dire que la mise en libre pratique et au marché parallèle de produits textiles et d'articles d'habillement provenant de Chine ne nécessitant plus aucune licence d'importation ni aucun document de surveillance, n'a pas arrangé les choses. Ainsi, la conjoncture économique actuelle souffre-t-elle d'un manque de visibilité quant à l'évolution des indicateurs clés, à savoir, la consommation, les perspectives de croissance et les marchés. Dans ce cadre, le CETTEX a organisé, en partenariat avec la FENATEX-l'UTICA, le CEPEX et le PMI, un séminaire d'information stratégique intitulé « Textile-Habillement : conjoncture et perspectives. »
«Développeurs et non plus de simples fabricants » Cette demi-journée placée sous l'égide du Ministère de l'Industrie, de l'Energie et des PME, a regroupé d'éminents experts qui ont exposé leurs analyses perspectives des marchés et de la consommation en Europe et aux Etats-Unis visant plusieurs objectifs. Le Ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, M. Afif Chelbi a souligné dans son intervention « Une autre culture d'entreprise est en train de se mettre en place... Nous serons dorénavant des développeurs et non plus de simples fabricants. ».
« Dé-consommation » en France En effet, la nouvelle culture d'entreprise appelle à plus de vigilance et de veille stratégique soutenue par des approches stratégiques en sourcing et de profils pointus en matière de mode. Par ailleurs, un tour d'horizon des différents indicateurs économiques afférents au secteur textile et habillement a été opéré par des représentants de l'IFM (Institut Français de la Mode). La récession économique mondiale représente pour le début de l'année 2009, « le plongeon économique le plus important ». La consommation des ménages en France a régressé. Elle est de -3% dans l'habillement, mais il n'en n'est pas pour autant question d'une attitude de « dé-consommation ». À ce titre, le comportement des entreprises doit être révisé. Il faudra recourir à un recentrage de l'offre, pratiquer moins de fast fashion, rétablir le rapport qualité-prix et agir sur les supply chain (plus de réactivité).
Déferlante asiatique Sur un autre registre, les importations de la France en provenance de la Tunisie ont subi un léger recul par rapport à l'année 2007 mais demeurent stabilisées. En revanche, celles de la Chine ainsi que celles de Hong Kong ont augmenté de 7%. L'ensemble des pays méditerranéens représente le quart des importations en textile et habillement. La France continue à être la première destination des exportations tunisiennes suivies par l'Italie. La France a, d'ailleurs, maintenu son sourcing au Maghreb.
Un plan de sauvetage Face à de cette recrudescence des chiffres relevant du secteur du textile et habillement en Tunisie, l'Etat est intervenu à travers un plan de sauvetage. Ce dernier comporte 40 mesures concrètes dont 16 pour le soutien des entreprises qui connaissent un ralentissement de leur activité et 24 destinées à la compétitivité et la dynamisation de l'activité économique. Cette batterie de mesures a été mise en place pour une durée de six mois à compter de son entrée en vigueur récemment. A l'issue du premier trimestre de l'année en cours, un bilan sera dressé pour connaitre l'ampleur réelle des effets néfastes de la crise mondiale. Si ces derniers sont plus étendus que prévu, le programme de soutien et de restructuration des entreprises lésées sera prolongé, voire élargi grâce à d'autres dispositions.