Le Temps-Agences - Le vice-président américain Joe Biden, venu "écouter" hier à Bruxelles les pays de l'OTAN sur la stratégie à mener en Afghanistan, a confirmé que les Etats-Unis étaient partisans de tendre la main aux talibans modérés pour pacifier le pays. "Cela vaut le coup d'être essayé", a-t-il déclaré à la presse à propos de la suggestion faite par le président Barack Obama dans une interview dimanche au New York Times de parler avec les moins extrémistes des talibans, comme cela s'est fait en Irak avec les opposants sunnites les moins radicaux. "J'estime que cela vaut le coup d'entrer en contact et de déterminer s'il y en a (parmi les talibans) qui veulent participer à un Etat afghan stable et sûr", a-t-il ajouté. Il a repris à son compte une évaluation de l'envoyé spécial des Etats-Unis en Afghanistan et au Pakistan Richard Holbrooke selon qui seuls 5% des talibans étaient probablement d'"incorrigibles" ennemis, les autres étant soit hésitants soit motivés par l'argent. Quant au contenu des propositions à faire aux talibans, M. Biden a souligné qu'il appartenait au gouvernement du président afghan Hamid Karzaï de mener ces travaux d'approche. L'essentiel, a-t-il dit, est que "cela ne sape pas la légitimité" du gouvernement de Kaboul, par ailleurs liée cette année au bon déroulement de l'élection présidentielle prévue le 20 août. Soulignant le succès de la stratégie américaine en Irak consistant à faire venir des insurgés sunnites à la table des négociations en les éloignant d'Al-Qaïda, M. Obama avait indiqué qu'il "pourrait y avoir des occasions similaires en Afghanistan et dans la région pakistanaise". M. Biden, en évoquant lui aussi le précédent irakien, a souligné que "l'idée que tous les sunnites soutenaient al-Qaïda était tout simplement fausse". "Nous cherchons des solutions pragmatiques afin d'atteindre notre but, qui est que l'Afghanistan ne soit pas un havre pour les terroristes et soit capable de se gouverner seul et de veiller à sa propre sécurité", a encore expliqué M. Biden. Tout en estimant, comme M. Obama, que "nous ne gagnons pas aujourd'hui la guerre en Afghanistan", le vice-président a néanmoins assuré qu'elle était "loin d'être perdue". Pour sa première visite à Bruxelles, M. Biden a "écouté" pendant deux heures les ambassadeurs des 26 pays de l'Otan au siège de l'Alliance atlantique sur la "stratégie commune" à adopter en Afghanistan et au Pakistan. Il a rappelé que la nouvelle administration Obama procédait à une révision d'ensemble de la politique américaine en Asie centrale, et qu'il était venu recueillir l'opinion des alliés des Etats-Unis. "Quand nous bâtissons ensemble une stratégie, elle fonctionne", a-t-il insisté au début de la réunion. Après les discussions, il a promis que la nouvelle vision américaine tiendrait compte des "préoccupations" et des "priorités" exprimées par les Européens et serait prête "avant la fin du mois", à temps pour le Sommet de l'OTAN prévu les 3 et 4 avril à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne). S'il a souligné être venu pour "consulter", M. Biden n'a pas caché qu'une fois adoptée la future stratégie commune, Washington attendrait des Européens qu'ils "honorent leurs engagements". M. Biden devait rencontrer hier après-midi à Bruxelles des responsables de l'UE et le Premier ministre belge Herman Van Rompuy.