Le Temps-Agences - La perspective de voir le dirigeant d'extrême droite Avigdor Lieberman prendre la tête de la diplomatie israélienne suscitait l'inquiétude hier en Israël même et à l'étranger. Chargé par le président Shimon Perès de former un gouvernement de coalition après les élections indécises du 10 février, Benjamin Netanyahu, chef du Likoud, a conclu dimanche un accord de partenariat avec Lieberman. Ce pacte est insuffisant pour assurer une majorité absolue à Netanyahu, dont le Likoud était arrivé deuxième avec 27 sièges, un de moins que la formation centriste Kadima de la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni. Le député arabe israélien Ahmed Tibi a appelé hier à un boycottage international de Lieberman, un ancien "videur" de boîte de nuit originaire de Moldavie. "Aucun ministre ne doit le rencontrer, et particulièrement aucun ministre arabe", a déclaré à Reuters cet ancien conseiller juridique de Yasser Arafat, un des quelques députés représentant le million et demi d'Arabes israéliens. A Bruxelles, Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne, a déclaré que les Vingt-Sept pourraient changer de politique si le prochain gouvernement israélien, que Netanyahu doit former avant le 3 avril, s'écartait du processus visant à une solution à deux Etats. "Nous sommes disposés à traiter normalement avec un gouvernement israélien prêt à continuer à négocier et oeuvrer en faveur d'une solution à deux Etats", a-t-il dit. "Si ce n'est pas le cas, la situation sera différente", a-t-il averti. L'accord entre le Likoud et Yisraël Beitenu évite toute mention à une telle solution, également défendue par la nouvelle administration américaine de Barack Obama. Il fixe en revanche l'éradication du Hamas à Gaza comme un "objectif stratégique", allant au-delà de la position actuelle d'Israël consistant seulement à faire cesser les tirs de roquettes sur son territoire. Ce durcissement est de nature à compliquer les efforts occidentaux pour faire lever le blocus israélien de Gaza.