Des données qualitatives sur l'enfance en Tunisie, hébergées dans des bases accessibles pour tout le monde nous n'en disposons pas. Nous manquons également de mesures incitatives à la collecte de ce genre d'informations. Et si elles existent, elles risqueraient d'être non crédibles. Un constat certes, inquiétant d'autant plus que des nouveaux phénomènes apparaissent dans notre société. Pour mieux structurer cet élément, l'Observatoire de l'Information, de Formation, de Documentation et d'Etude pour la Protection des Droits de l'Enfant (OIFDEPDF) a organisé, hier un atelier de travail sur le développement du système d'information statistique dans le domaine de l'enfance sur les plans régional et local. La manifestation été organisée en collaboration avec l'UNICEF. L'observatoire dispose d'une base de données « Child Info » englobant 365 indicateurs majeurs. Elle vient d'être accessible sur le net depuis deux semaines. Mais c'est insuffisant. « Il nous faut des informations plus pertinentes sur cette tranche d'âge même, au niveau local. Nous comptons établir cette base d'ici deux ans au maximum », nous déclare M. Adel Hentati, Directeur général de l'observatoire.
« ChildInfo » est un concept onusien conçu par l'UNICEF. Il a été adopté par la Tunisie depuis 4 ans. Il s'agit en fait d'une base de données riche qui contient 365 indicateurs sur l'enfance. Des informations développées par plusieurs institutions et collectées par l'OIFDEPDF notamment sur la santé, l'éducation, la protection des enfants, la culture, les loisirs...
Des statistiques quantitatives En effet, nous produisons des données sur cette frange, elles restent toutefois, classées dans les archives des différentes institutions. Autre point faible à soulever dans le domaine est qu'il n'existe pas un plan de travail commun que ce soit au niveau régional ou local. Pour changer cette donne, l'observatoire se penche sur l'amélioration des méthodes de collecte des infos. Il compte se mettre d'accord avec tous ses partenaires sur quelques nouveaux indicateurs dont les droits de l'enfant et surtout l'évolution des prestations offertes pour cette frange de la société. « Nous allons avoir plus d'indicateurs sur les situations difficiles dans lesquelles sont plongés les enfants et de façon beaucoup plus pertinente », nous déclare le DG de l'observatoire. « C'est un format de travail commun qui n'existait pas auparavant », d'après lui. Pour ce faire, des contrats de partenariat bilatéraux entre l'observatoire et les ministères et la société civile seront conclus.
Par ailleurs, l'observatoire compte établir une liste de données ou plutôt une base de données qualitatives. Cela permettra d'après le responsable de valoriser les informations, de lancer « la nouvelle génération d'indicateurs dans le domaine des droits de l'enfant », souligne le responsable.
Enfants menacés Mais sommes-nous en retard ? La Tunisie est plus que jamais en face d'une nouvelle réalité. De plus en plus d'enfants dans la rue, des gosses de 9 ans qui vendent des petits gadgets dans les stations de métro, les terrasses des cafés...Le Directeur général de l'observatoire considère que la Tunisie est en avance par rapport à d'autres pays en termes d'acquis pour les enfants. « L'observatoire a d'ailleurs pour mission d'anticiper les problèmes, les observer, les analyser », d'après lui. D'ailleurs, une étude sur le coût de la protection de l'enfance est en train d'être réalisée. Elle a pour objectif entre autres, de mesurer l'efficacité des méthodes d'intervention dans le domaine. La Tunisie compte actuellement entre 12 et 13 mille enfants menacés. Un chiffre qui n'a cessé de grimper lors des trois dernières années et qu'il importe de le réduire. C'est pour cette raison qu'a été lancée ladite étude. « Réduire ce chiffre et réétudier les méthodes d'intervention figurent parmi les finalités de ce travail », déclare le DG de l'observatoire.