La promotion de l'enseignement religieux dans les pays arabes et islamiques dans le cadre de l'adéquation entre authenticité et modernité a été le thème d'une Conférence scientifique internationale organisée les 7 et 8 avril à Tunis par l'Institut supérieur de théologie de l'Université de la Zitouna et l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture « ISESCO », avec la participation d'éminents savants et intervenants de Tunisie et de plusieurs autres pays arabes et islamiques d'Afrique et d'Asie. La question n'a jamais cessé de hanter l'esprit des peuples arabes et islamiques depuis leur premier contact avec la pensée philosophique grecque, aux tout premiers siècles de la civilisation arabe et islamique, jusqu'à nos jours, de sorte que les réponses et les solutions existent déjà, à vrai dire, comme l'a indiqué le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie, le professeur Lazhar Bououni, en ouvrant les travaux, hier. Dès ce premier contact, la civilisation arabe et islamique, forte des fondements rationalistes de l'Islam, avait su assimiler parfaitement la science et la philosophie, les avait considérablement enrichies et avait pu, en même temps, développer un enseignement religieux de très haute qualité, se hissant au niveau d'un véritable enseignement scientifique. Les disciplines religieuses étaient d'ailleurs désignées du terme de ''sciences '' et les anciens auteurs arabes avaient dénombré plus de 80 sciences religieuses enseignées dans les établissements éducatifs.
Tous les aspects en débat
A cet égard, les nombreux orateurs ayant pris la parole, à la séance d'ouverture, ont mis en relief l'importance du sujet, en raison du rôle stratégique conféré, de nos jours, à l'enseignement et à l'éducation en général par les diverses sociétés contemporaines sans exception, dans la formation des esprits et des hommes, dans tous les domaines. Aussi, selon le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie, la modernisation de l'enseignement religieux doit être menée dans l'optique des projets de réforme et de modernisation des systèmes d'enseignements dans leur ensemble, engagés un peu partout dans le monde. L'objectif est de l'élever au niveau des standards internationaux, comme il a été fait pour les autres filières de l'enseignement supérieur en Tunisie, grâce à l'introduction de la nouvelle réforme basée sur le système LMD (Licence, Master, Doctorat). Cependant, le programme du séminaire porte sur tous les cycles de l'enseignement religieux, des établissements préscolaires et écoles coraniques, à l'enseignement universitaire. Il porte aussi sur les méthodes et les programmes, c'est-à-dire sur le contenu autant que sur les procédés d'enseignement, car il ne suffit pas d'appliquer les nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC), pour moderniser. Il importe aussi d'établir des programmes et des contenus appropriés. Une des communications programmées porte, ainsi, sur « l'enseignement religieux numérique ». Dans ce domaine, les méthodes suivies par le prophète Mohamed pour propager, avec un succès total, la nouvelle foi, dans un contexte extrêmement plus difficile que celui d'aujourd'hui, constituent une source d'inspiration inépuisable, dans ce domaine. Le maître -mot de ces méthodes était la persuasion. Une intervention a été consacrée à ces méthodes, dans le programme de la rencontre sous le titre '' séquences éducationnelles du Prophète Mohamed.'' Enfin, l'autre axe de réflexion a trait à la formation des experts dans l'enseignement religieux et la recherche religieuse, dans une perspective moderniste qui ne s'oppose nullement aux principes de l'Islam qui accordent une importance primordiale à la raison et à la réflexion sur l'œuvre de la création. L'enseignement coranique, principal constituant de l'enseignement religieux islamique, figure, aussi, à l'ordre du jour de la Conférence, car, en définitive, toutes les sciences religieuses visent à permettre une compréhension exacte du texte coranique, avec l'aide essentielle et obligatoire des actes et paroles du Prophète, appelés '' Sunna''. Alors que la Tunisie fête le cinquantième anniversaire de l'Université tunisienne et la manifestation nationale ''Kairouan, capitale de la culture islamique en 2009'', les recommandations issues de cette rencontre ne manqueront pas de donner un nouvel élan à l'enseignement religieux dans le Monde arabe et musulman, sur la base d'une vision globale, mettant à contribution aussi bien les nombreux acquis de la civilisation arabe et islamique dans ce domaine que les progrès et les réalisations nouvellement accomplies dans le monde.