Que nous sortent encore les congélateurs idéologiques autour de Georges Buch : la solidarité et la sécurité en Irak ne seraient, selon eux, possibles que si des « modérés » chiites et des modérés sunnites travaillaient de concert. Des chiites « modérés » ? Qu'ils nous en citent un seul ! Moqtada Sadr, Hassan Nassrallah, Mahmoud Ahmadinejad ; icônes chacun dans son rôle, d'un chiisme « pluriel » sur le plan doctrinaire, mais tous faits de la même pâte obscurantiste. Et d'ailleurs à ce point jamais atteint auparavant de violence religieuse, est on sûr que les extrémismes chiites et sunnites (Ben Laden n'est jamais aussi dangereux que lorsqu'il fait le mort) ne finiront pas par se rejoindre ? La myopie politique des Américains n'a d'égale que leur entêtement à vouloir remodeler la foi religieuse des Musulmans au nom d'un réformisme qui tracerait une frontière entre la politique, c'est à dire la gestion de l'Etat, et la religion. Mais comment faire avec près de vingt-huit « Madheb » (courants de pensée religieuse) et dont quelques - uns ont enfanté des ailes armées, comme justement l'armée du Mehdi en Irak ? Peut-on (peuvent-ils, les Américains) résoudre la question irakienne sans neutraliser le monstre chiite qu'ils ont recréé pour « liquider » les sunnites de Saddam et contre –carrer, depuis El Fellouja, le Chiisme d'Al Qom, capitale spirituelle proclamée par Khomeiney ? Ne fut-ce pas une erreur stratégique que d'acculer l'Arabie Saoudite dans ses ultimes retranchements parce que des fonds de soutien parvenaient jusqu'à Ben Laden à travers des circuits alimentés par de riches saoudiens ? Peut-on rechercher des éléments de réponse aux clivages au sein de l'Islam sans essayer de comprendre la position de Ryadh et sans établir la véritable teneur du Wahabisme, lequel n'a d'ailleurs jamais dépassé les contours certes drapés de solennité, mais tout juste les contours d'une confrérie ? Ce que les musulmans et les Arabes modérés craignent le plus c'est que l'on en arrive un jour à regretter une dictature telle que la machine à broyer des êtres humains actionnée par Saddam, ou encore celle qui était aux mains du Shah d'Iran. Mais, de leur côté, en dehors de veiller aux équilibres sécuritaires que font ces Etats modérés sur le plan strictement cultuel ? Rien, si ce n'est fermer les portes à double tour, calfeutrer les fenêtres et faire attention aux mouvements des intrus extrémistes… Et cela donne de bons prétextes à la démission des intellectuels, à une démission politique. Car de toutes les rélégions révélées, il n'y a que l'Islam qui ait été autant instrumentalisé par des mouvances en tout genre… Mais si, aujourd'hui, la chose devient presqu'incontrôlable dans cette région éternellement convulsive, ce n'est pas uniquement parce que les Américains veulent dépiécer le Grand Moyen - Orient pour le reconstruire selon leurs intérêts pétroliers et leurs « dogmes » démocratisants… C'est dû au fait que bien des régimes arabes tardent à intégrer le seul anti-dote efficace contre les dérives religieuses : les libertés et la démocratie… la mondialisation aura, en définitive, donné plus de liberté, plus de démocratie et, peut-être aussi, plus de précarité sociale au monde occidental. Mais elle aura aussi restitué ou plutôt ravivé, au sein du monde arabo - musulman, ses fantasmes obscurantistes… Au point que le viol présumé d'une femme est pris comme prétexte pour une guerre finalement « tribale », comme cette guerre de plus de quarante ans, entre deux tribus, à cause d'une chamelle appelée « AL Bassous »