Le Temps-Agences - L'Italie et l'île de Malte ont appelé chacune de leur côté l'Union européenne à l'aide hier face au drame humanitaire que pourrait constituer le sort de 140 immigrés clandestins sauvés du naufrage jeudi par un cargo turc au large de la Sicile mais dont personne ne veut. Le ministre italien de l'Intérieur Roberto Maroni a annoncé hier à la presse avoir demandé à l'UE "une réunion urgente des ministres de l'Intérieur pour résoudre une fois pour toutes le problème" des sauvetages dans la zone maritime entre l'Italie et Malte. Malte "accepte l'argent de l'Europe" et doit assumer ses responsabilités, a affirmé M. Moroni qui est membre du parti anti-immigration de la Ligue du Nord. L'attitude de La Valette est "incorrecte et condamnable", a-t-il estimé, cité hier par le quotidien de l'Eglise catholique italienne L'Avenire. Le Premier ministre maltais Lawrence Gonzi a riposté en indiquant que son pays avait respecté les lois internationales sur le sauvetage et en demandant à l'Union européenne d'intervenir et de venir en aide à la petite île face "au poids énorme de l'immigration clandestine". Les deux pays refusent obstinément depuis le sauvetage des clandestins par le cargo turc, le Pinar, qui bat pavillon panaméen, de les laisser débarquer sur leur sol. Malte reconnaît qu'ils ont été recueillis dans sa zone de sauvetage en Méditerranée mais affirme que, selon les règles internationales, le cargo doit les déposer "dans le port le plus proche", soit sur la petite île italienne de Lampedusa. L'Italie affirme que Malte a la responsabilité du sauvetage de bout en bout, ce qui implique que les naufragés débarquent à La Valette. Le Pinar est à l'arrêt depuis vendredi soir à une vingtaine de milles (35 km) de Lampedusa, à la limite des eaux territoriales italiennes. De l'eau et des vivres lui ont été fournis par la marine italienne et deux médecins italiens sont montés à bord hier matin pour évaluer la situation sanitaire des clandestins, qu'ils ont qualifiée de "satisfaisante", selon la télévision italienne. Avant d'être recueillis par le Pinar, les 140 migrants, dont 39 femmes, dérivaient dans deux embarcations à environ 80 km au sud de Lampedusa. Le cadavre d'une femme enceinte a aussi été recueilli et placé dans une chaloupe tirée par le cargo par crainte d'épidémie. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a appelé samedi l'Italie à accueillir les migrants. Selon le HCR, environ 40 personnes ont besoin d'assistance médicale et des problèmes sanitaires dus au manque de nourriture et d'eau se font sentir. L'opposition de gauche italienne a critiqué hier l'attitude du gouvernement de Silvio Berlusconi en estimant que l'urgence humanitaire devait prévaloir sur toute autre considération.