La parole est le meilleur don de Dieu à l'humanité tout entière, étant le moyen de communication le plus efficace. Tous les autres, tels que le geste, les signes, les transcriptions qui ont donné ce qu'on appelé par la suite, l'écriture, ne peuvent qu'y suppléer. Il n'y a pas meilleur don pour convaincre que le don oratoire. Les prophètes, les philosophes, les politiciens tenaient en grande partie leur charisme de ce don. Ils avaient le langage qu'il fallait pour convaincre. Socrate le père de la philosophie grecque n'avait aucun ouvrage écrit, et sa méthode de réflexion était basée sur la discussion, c'est-à-dire la parole. Ce sont ses disciples tels que Xénophon, Aristophane et surtout, Platon, qui nous l'ont présenté, comme un homme qui était modeste, aimant pratiquer sa méthode philosophique, dans les lieux publics tels que les gymnases et les amphithéâtres. Il amenait ses interlocuteurs à formuler petit à petit leurs idées et les aidait à les exprimer, pour se libérer et dire ce qu'ils ont sur le cœur. Il faisait, disait-il, accoucher les esprits, d'où le nom de maïeutique par référence à « Maya » sa mère, qui était sage-femme. La parole est autant appréciée quand elle est écoutée. C'est la raison pour laquelle écouter est le corollaire de la parole. Savoir écouter est également un don qui n'est pas donné à n'importe qui. C'est de là qu'est née la psychologie et aussi la psychanalyse, qui est un moyen par lequel Freud arrivait à guérir certaines maladies physiques auxquelles on ne trouvait pas de remèdes, telles que la paralysie, ou la perte de mémoire. Si la parole est bien écoutée, elle ne sera pas inutile. Une parole qui n'est pas convaincante ne peut en aucun cas être utile. Pour cette raison, la parole est une responsabilité morale, tant pour celui qui l'émet que pour celui qui l'écoute. Il y a ce qu'on appelle des hommes de parole, c'est-à-dire ceux qui tiennent leurs promesses et ceux qui sont convaincus eux-mêmes de ce qu'ils disent. Mais ceux qui parlent dans le vide, ceux qui appliquent le dicton : « Faites ce que je dis et ne faites ce que je fais », ils ne sont jamais écoutés. Sauf, peut-être, par ceux qui font semblant de le faire à des fins qui leurs sont propres et pour des intérêts qu'ils veulent sauvegarder. Les jeux sont alors faussés et la parole qui était une qualité devient en l'occurrence, une tare, voire un défaut ou même une faute grave pour ceux qui désirent taire des choses, n'écouter que ce qu'ils voulait entendre, et ne parler que lorsque ça les arrange de le faire. Dans ces conditions et seulement dans ces conditions le silence prend le relais pour être préféré à la parole. Il est d'or quand la parole est viciée. Et c'est à juste titre que le poète français Alfred De Vigny, s'exclama dans l'un des poèmes : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ».