Pourvoyeur de richesses stables et catalyseur de l'épargne à long terme, le secteur des assurances et des réassurances interpelle en Tunisie comme dans tous les pays de la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord) des réformes de fond et de forme favorisant le développement des produits d'assurance notamment l'assurance-vie et permettant en cette période de crise internationale de préserver le secteur contre les pertes de capitalisation. Les professionnels du métier confirment le retard accusé par la région MENA dans le secteur des assurances et ce malgré les potentialités existantes du marché. Comment peut-on alors réveiller ces géants qui dorment ? Les participants à la troisième édition du sommet des assurances pour l'Afrique du Nord et Moyen-Orient, organisée à Tunis et dont les travaux prennent fin aujourd'hui, ont essayé d'apporter des éléments de réponse aux moyens à même de promouvoir le marché des assurances dans la région MENA et de sortir des sentiers battus. Organisé par la Revue de l'assurance du Moyen-Orient « Middle East Insurrance Review » et le comité des Assurances de Jordanie avec la collaboration de BEST RE et Tunis RE, les professionnels du métier de l'assurance ont mis l'accent sur l'état des lieux du secteur dans la région à l'ère des transmutations internationales ainsi que sur les défis à relever pour réveiller les géants de la région qui dorment. Le faible taux de pénétration, la faible densité de l'assurance, la segmentation du marché des assurances, le déséquilibre du portefeuille des assurances détenu par les compagnies d'assurances, le ralentissement du secteur des réassurances et la chute des taux des primes, sont les principales « anémies » dont souffre le secteur des assurances dans la région MENA. Le volet de la crise économique et financière et son impact sur le secteur des assurances dans la région comme ailleurs n'a pas manqué à l'audience. M. Sivam Subramaniam, Rédacteur en Chef de la Revue des Assurances en Asie et la Revue des Assurances au Moyen-Orient a affirmé que le crash financier a engendré des risques de capitalisation dans plusieurs pays du monde dont ceux Africains. M. Abdellatif Chaâbane, président du comité général des Assurances a appelé à la vigilance pour contenir, voire esquiver les risques de contagion du secteur des retombées de la crise financière dont ceux qui peuvent toucher à la liquidité et à la solvabilité.
Les vices cachés du secteur Mais pour permettre au secteur des Assurances de jouer pleinement son rôle de catalyseur de fonds et garant de l'épargne à long et à moyen termes, il convient de s'arrêter sur les vices cachés du secteur. « Les pays de la région a réalisé en 2008, 50 milliards de dollars de primes », affirme M.Yassir Albahrna, Directeur Général de ARIG « INSURANCE COMPANY LIMITED » sise en Grande-Bretagne. Traitant de l'état des lieux de l'assurance dans la région MENA, M. Albahrna a désigné le marché des assurances dans la région par « les géants qui dorment ». Les pays de la région accusent un retard pondérant en matière d'assurance et notamment dans les domaines de l'assurance non-vie et de l'assurance-vie. Une disparité est observée dans la région. Le Maroc, la Jordanie, l'Egypte et les Emirats Arabes Unis sont selon l'étude de Benchmarking, exhaustivement présentée par M. Yassir Albahrna sont les pays de la région les plus développés en matière d'assurance et de réassurance. D'autres pays comme la Tunisie et l'Arabie Saoudite sont susceptibles de devenir des terreaux du métier de l'assurance et de la réassurance. La densité moyenne d'assurance dans la région est estimée à 46 dollars par tête d'habitant. Le taux de pénétration est évalué à 1%. Le taux de densité des assurances dans la région ne dépasse pas quant à lui les 6%. Pour réveiller les géants de leur léttargie, M. Albahrna a préconisé la nécessité de se confirmer aux normes internationales, de tirer profit des expériences réussies, de gérer correctement les marges de solvabilité, d'assurer l'adptation des capitaux, de prêter attention aux prix des primes de manière à les adapter aux risques, de promouvoir le capital-humain, de rééquilibrer les portefeuilles des assurances tout en poursuivant la privatisation de certaines branches. En dépit de la capacité compétitive de la région et sa prédisposition à relever les défis de la crise, M. Albahrna a explicité les origines du retard accusé par les « géants qui dorment ». Outre les raisons culturelles et religieuses, les pays de la région déplorent la faible pénétration des produits d'assurance, le déséquilibre du portefeuille des assurances, la chute des taux des primes et le ralentissement en matière de réassurances. « Notre tâche n'est pas aisée », confirme M. Albahrna. M. Subramaniam a pour sa part mis l'accent sur les défis actuels auxquels est exposé le secteur des assurances dans la région. Il s'agit notamment de l'importance de la vague de libéralisation et de privatisation du secteur ; l'importance de développer l'offre d'assurance, le rôle de la réglementation en la matière ainsi que le rôle qui incombe aux gouvernements pour financer et appuyer le flot du secteur. « La meilleure transparence, la supervision, l'identification des domaines d'intervention de l'Etat et la mise en place d'un calendrier bien établi », sont les principales recommandationsavancées par M. Subramaniam permettant au secteur des assurances de sortir de son carcan. Ainsi la construction de nouveaux paradigmes assurantiels s'imposent dans la région et notamment dans les pays de l'Afrique du Nord et qui se trouvent à la croisée des chemins du boom au Moyen-Orient et sont confrontés aux aléas de la crise.