La violence est-elle devenue si coutumière entre les Tunisiens pour qu'on se mette à se tabasser pour un rien. Les gens deviennent-ils si agressifs pour qu'une soirée d'amis tourne à des violences des uns sur les autres. C'est ce qu'on peut conclure en lisant cette affaire de ce groupe de quatre jeunes hommes d'un même quartier qui a convenu d'organiser une soirée animée chez l'un d'eux près de Tunis. Ils se sont répartis les tâches pour les préparatifs. Le premier s'est chargé d'apporter la viande et les légumes. Le deuxième avait à approvisionner le groupe en boissons. Alors que le troisième et le quatrième devaient ramener des jeunes filles pour animer la rencontre. A la date et au moment convenu, le quatuor était là et tous les délices étaient disposés sur la table. On n'attendait que la venue de la gente féminine pour compléter le régal. Comme les jeunes filles tardaient à pointer du nez, le groupe a commencé sa soirée en regardant des émissions dans la télévision. La soirée avançait et les filles ne se manifestent pas encore. Elles ne répondaient même pas aux appels successifs des jeunes hommes sur leurs portables. Cette indifférence de la part des jeunes filles a fait monter la tension au sein du groupe. Ils s'étaient pratiquement divisés en deux clans. Les deux premiers reprochaient aux deux seconds d'avoir bousillé la soirée en ratant le chapitre des filles. Les propos acerbes échangés montaient en créneau avec la conviction des jeunes hommes que les filles n'allaient pas venir. Le vin aidant, l'échange verbal exacerbant se transformait en une altercation. Le maître des céans qui était aussi l'intermédiaire avec les filles, demandait à ses deux compères de dégager les lieux parce qu'il ne voulait pas de chahut chez lui et que ses amis n'arrêtaient pas de gueuler. Ces derniers ont pris ça pour une offense et se sont attaqués à leur hôte à l'aide d'une bouteille vide. Son copain restant neutre n'était pas parvenu à le défendre. Il s'était limité à sortir pour appeler du secours. L'arrivée des voisins a mis fin à la bagarre. Le propriétaire a été transporté à l'hôpital où il a subi une intervention chirurgicale. Il s'en était sorti avec une infirmité permanente à son œil droit. La police a été informée de l'incident et une enquête a été ouverte. La victime a été écoutée alors qu'elle était encore à l'hôpital. Le témoin présent sur les lieux a donné la version des faits et précisé lequel des deux agresseurs était l'auteur du coup sur l'œil de la victime. Les deux accusés ont été arrêtés. Ils ont reconnu les faits qui leur ont été reprochés en justifiant leurs actes par l'état d'ébriété de tout le groupe. Ils ont reproché à leur ami (la victime) d'avoir essayé de les chasser de chez lui alors qu'il était leur hôte. L'instruction a retenu contre eux l'agression caractérisée engendrant une infirmité permanente. Devant le tribunal, les deux agresseurs ont essayé de nier les faits qui leur étaient reprochés mais l'état des agressés ne prêtait à aucune équivoque. Leur avocat a demandé à la cour de tenir en considération le fait que les accusés soient en état d'ébriété et qu'ils n'aient pas d'antécédents judiciaires. L'affaire a été mise en délibéré.