La localité de Dhraâ Tammar, de la délégation de Kairouan nord, n'est plus qu'à quelques minutes de la ville de Kairouan. Comme Raccada et El Baten, cette région n'a pas échappé à la folie bétonnière. Des gens fortunés ont commencé à s'ennuyer de la ville, trop polluée et trop embouteillée. Certains d'entre eux sont alors tournés vers cette région pour y construire de belles villas entourées de petites parcelles d'oliviers, d'amandiers, et de pêchers. Dhrâa Tammar est une région infiniment variée qui vous emmènera à travers des vergers bordés de rosiers et de cactus. Un peu plus loin, le regard appréhende une étendue vaste... Des terres cultivées qui s'étendent sur 240 ha, semés de cultures fourragères et céréalières. Une vaste étendue multicolore où se mêlent le vert des cultures, au rouge vif des coquelicots. Ce coin a connu un changement radical, grâce aux eaux usées traitées, fournies par la station d'épuration aménagée dans cette région.
Traitement et valorisation des eaux épurées La nouvelle station d'épuration, aménagée pour un montant de 13 mille dinars a remplacé celle implantée depuis une vingtaine d'années à l'entrée nord de la ville de Kairouan côtoyant deux unités hôtellières et dégageant à longueur de journée une odeur écœurante. La station de Dhraâ Tammar accueille quotidiennement 13 000 m2 des eaux d'assainissement. Ces quantités sont traitées biologiquement, avec notamment l'application du triple traitement, avant de passer par une filtration rapide sur sable et avant d'être distribuées aux agriculteurs. Cette station traite 1 million de m3 des eaux d'assainissement par an, elle est en mesure d'irriguer plus de 800 ha. Actuellement, elle fournit 18% des eaux usées traitées, pour l'irrigation des périmètres irrigués. Les quantités restantes sont évacuées vers les Oueds (80% des eaux usées traitées). Le taux d'utilisation de ces eaux sera augmenté de 50% avec l'exploitation prochaine de 140 ha disent les responsables de l'ONAS de la région. D'autre part, une étude a été réalisée pour la réalimentation de la nappe phréatique et pour l'extension des périmètres irrigués à partir des eaux épurées vers d'autres régions. Mohamed Achouri est parmi les quinze agriculteurs qui exploitent ces périmètres irrigués, il dit : "Il est vrai que j'étais réfractaire comme beaucoup d'autres fellahs, à l'emploi des eaux usées traitées, en matière agricole. Par la suite j'ai adhéré à ce projet et je ne l'ai pas regretté. J'ai même convaincu d'autres agriculteurs à venir nous rejoindre et exploiter les 140 ha programmés".
Une région métamorphosée C'est en effet grâce aux eaux épurées de la station de Dhraâ Tammar que cette région auparavant délaissée, commence à attirer d'autres agriculteurs et ce grâce en grande partie aux campagnes de sensibilisation menées par les différents services du ministère de l'Environnement et du Développement durable, implantés dans la région. Cependant un problème persiste, celui de l'insuffisance de ces eaux au cours du mois de mars. Les agriculteurs contactés attirent l'attention des responsables régionaux de l'ONAS sur ce point. "Avec l'édification d'un château d'eau dans la région et la présence d'une AIC (Association d'Intérêt Commun) pour gérer la distribution des eaux usées traitées ce problème sera définitivement résolu" répondent les responsables de l'ONAS.