La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis a dernièrement examiné une affaire de braquage d'un taxi. L'accusé est un jeune homme de vingt-cinq ans qui, le jour des faits, a demandé au chauffeur du taxi de l'emmener vers une cité à l'ouest de Tunis. Selon les dires de la victime, le client était agressif. Il n'empêche que le conducteur n'avait pas pressenti de risques majeurs car on était en pleine matinée,et l'activité était intense sur les routes. Le taximan s'était dit qu'il ne pouvait pas refuser de prendre un client tout juste parce que son visage ne lui plaisait pas. C'était hors de question et on ne choisit pas ses clients. Donc, c'était avec ces sentiments mitigés que le conducteur entamait son parcours matinal. Il n'échangeait pas de paroles avec son client et se dirigeait vers la destination que celui-ci lui avait indiquée. Arrivant sur les lieux, le client lui demandait de continuer à travers des pistes sinueuses. Le chauffeur refusait prétextant qu'il n'avait pas de roue de secours. C'était le moment choisi par le client pour tirer un long couteau et le menacer avec. Le conducteur obtempéra et continua sa route en espérant trouver une solution au gré de l'évolution des événements. Le client demanda au chauffeur de s'arrêter devant une maison délabrée et lui ordonna de descendre et de lui remettre sa recette du jour. Le chauffeur lui répondit qu'il venait de faire le plein de gas-oil et qu'il ne lui restait que quinze dinars. L'énergumène fouilla le chauffeur pour vérifier la véracité de ses dires. Craignant le pire pour sa voiture, le chauffeur de taxi était encore conciliant allant, même, jusqu'à promettre au forcené qu'il n'allait pas porter plainte contre lui. La victime fit profil bas pour échapper aux griffes de son agresseur, la présence de quelques passants aidant. L'énergumène a fini par partir avec la maigre somme, non sans menacer le conducteur des pires punitions si jamais ce dernier osait porter plainte. Toutefois, celui-ci alla, dare-dare, au poste de police le plus proche et relata sa mésaventure en donnant le signalement de son agresseur. Une patrouille est parvenue à appréhender le malfaiteur, en un temps record alors que les 15 dinars se trouvaient encore dans sa poche. Il a essayé de nier les faits prétendant l'existence de vieilles rancunes entre lui et le plaignant cherchait à se venger. Le témoignage d'un passant qui assistait de loin à la scène, a confirmé les dires du chauffeur de taxi. Malgré ses dénégations, le gaillard a été arrêté et transféré devant un tribunal pour vol avec menaces de violence. Son avocate a essayé de plaider le doute qui entourait les circonstances du déroulement de cette affaire. Elle s'est interrogée sur les raisons qui ont empêché la victime de s'arrêter sur la route principale. Elle a demandé sur cette base, la relaxe de son client. La chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis n'a pas toutefois corroboré la thèse de la défense, et condamna l'accusé à six ans de prison ferme. L'accusé a interjeté appel