Le Temps-Agences - La commission d'enquête chargée de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri s'orienterait désormais vers une piste menant au mouvement chiite Hezbollah, indique l'hebdomadaire Der Spiegel. Citant des informations obtenues de "sources proches du tribunal (spécial pour le Liban,TSL) et vérifiées par la consultation de documents internes", Der Spiegel écrit que "des investigations intensives menées au Liban pointent toutes vers une nouvelle conclusion: ce ne sont pas les Syriens, mais les forces spéciales de l'organisation chiite libanaise Hezbollah qui ont planifié et exécuté" l'attentat. Les documents consultés par le Spiegel, basés essentiellement sur des surveillances électroniques, ont permis aux enquêteurs d'identifier huit téléphones mobiles, tous achetés le même jour à Tripoli, au nord du Liban. Ces appareils ont été activés six semaines avant l'attentat, et n'ont plus jamais été utilisés après, ce qui laisse à penser que ses propriétaires étaient les membres du commando ayant commis l'attentat. Ces portables ont très souvent été localisés à proximité et en contact téléphonique avec 20 autres téléphones, appartenant, selon les enquêteurs libanais, au "bras opérationnel" du Hezbollah. Les enquêteurs ont pu identifier le détenteur de l'un des huit premiers téléphones, grâce à un appel qu'il a passé à sa petite amie. Il s'agit de Abd al-Majid Ghamlush, membre du Hezbollah et qui a séjourné dans un camp d'entraînement en Iran. Ghamlush a été identifié comme l'acheteur des téléphones, et les enquêteurs ne savent pas où il se trouve, ni même s'il est en vie, ajoute l'hebdomadaire. L'imprudence de Ghamlush a mené les enquêteurs vers celui qui est pour eux le cerveau de l'attentat, Hajj Salim, qui vit dans un quartier tenu par les Chiites au sud Beyrouth, d'où il commande une "unité des opérations spéciales" qui rend des comptes directement à Hassan Nasrallah, le secrétaire général du Hezbollah, ajoute-t-il. Le Spiegel poursuit en affirmant que le procureur chargé de l'enquête, le Canadien Daniel Bellemare, et les autres juges du TSL essayent apparemment de "retenir" l'information, qui leur aurait été transmise il y a un mois environ. Fin avril, quatre généraux libanais, dont deux considérés comme pro-Syriens, avaient été remis en liberté, à la demande de M. Bellemare, après presque 4 ans de détention, en raison de l'absence d'"éléments de preuve suffisants". Il s'agissait de l'ex-chef de la garde présidentielle Moustafa Hamdane, 53 ans, de l'ancien chef des renseignements de l'armée Raymond Azar, 56 ans, de l'ex-directeur général de la Sûreté générale Jamil Sayyed, 58 ans, et de l'ex-chef des Forces de sécurité intérieure Ali Hajj, 52 ans. Rafic Hariri avait été tué avec 22 autres personnes dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth le 14 février 2005. L'article est disponible en line sur les pages anglophones du site du Spiegel (www.spiegelonline.de/international), et elles ne seront mises en ligne en Allemand que demain à la sortie de l'édition papier, a-t-on appris auprès de l'hebdomadaire.