Depuis peu, Hamdi Kasraoui vit un rêve et nage sur un nuage. A 26 ans à peine, un jeune âge pour un gardien. Il glane trois titres avec son club et s'envole pour signer un intéressant contrat d'une durée de trois années avec le R.C.Lens. Modeste, calme et serein, le garçon exprime d'une manière pondérée sa joie. " J'ai eu ce que je souhaitais. Je voulais rendre un peu à l'espérance ce qu'elle m'a donné et j'y suis parvenu en contribuant à ces sacres, déclare t'il. Cette année a été riche en émotion, remplie de satisfaction et truffée de consécration. L'exaltation que j'ai vécue ne peut être troquée contre tout l'or du monde. Même les supporters espérantistes ne m'en voudront pas d'aller tenter ma chance sous d'autres horizons ". Le hasard a voulu qu'il garde les mêmes couleurs, ceux du cœur car son attachement à l'EST est indéfectible bien que sa première appartenance soit kairouanaise. Remarqué par les responsables espérantistes alors qu'il disputait une rencontre avec la sélection régionale il s'est dit " Tout de suite séduit par l'accueil qu'on m'a réservé au Parc B et la compréhension des dirigeants quand j'ai exigé la présence de ma mère à mes côtés. J'ai ainsi pu terminer mes études ce qui n'est guère évident avec les exigences des entraînements ". Confronté à la rude concurrence de gardiens de grand renom, Chokri El Ouaer ensuite Jean Jacques Tizier, Kasraoui fit preuve de patience et de persévérance en continuent à travailler dans l'ombre des deux géant tout en attendant patiemment sa chance. Sa constance, son assiduité et sa régularité finissent par payer parce que l'homme avait dès le départ un plan de carrière et des ambitions à revendre : " Je suis un joueur professionnel et je me suis toujours comporté comme tel", s'enorgueilli-t-il. En ralliant l'EST je me suis tracé des objectifs et veillé à les atteindre. J'ai rencontré d'énormes difficultés, rien ne m'a été donné. Il fallait tout le temps confirmer et s'accrocher. L'EN était une excellente vitrine pour montrer mes capacités ". Pourtant en plein milieu de cette saison, il fut décrié, hué conspué par les mêmes supporters qui l'ont porté aux nus à sa fin. Trop souvent, on lui a reproché d'être un gardien trop timide et effacé, n'ayant pas une forte personnalité. Accusations qu'il réfute catégoriquement : " J'ai ma nature, mes principes et mes convictions. La personnalité ne se mesure pas aux insultes, injures et autres agressions qu'un gardien peut assener à ses coéquipiers comme il est d'usage en Tunisie. Pour ma part, je ne veux pas imputer mes erreurs aux autres joueurs et préfère les encourager et les inciter à mieux et davantage se donner. Je suis agressif mais dans le jeu et la protection de mes buts. Je n'ai pas besoin de l'être avec les autres. Je base mes relations avec mes coéquipiers sur le respect mutuel et je ne changerai pas ma ligne de conduite. Si j'ai fait face à l'adversité tout au long de cette année et continué à avancer malgré les critiques, les insultes et les menaces même, ceci prouve que j'ai un mental de fer c'est le plus important !". Pour sa prochaine destination, Kasraoui trouve encore sur son chemin un géant ; le gardien du RC.Lens Vedran Runje, élu meilleur keeper de la ligue 2. soutiendra-t-il la comparaison " Je vais passer à un autre pallier de travail et ça me motive. Je ne suis pas effrayé par la concurrence. J'ai toujours vécu des situations similaires. Clame-t-il avec assurance. J'ai confiance en mes moyens et en mon potentiel. Rien ne me fera fléchir ! " Pour l'heure, la priorité va à la sélection et une confrontation importante contre les Soudanais pour bien se préparer aux deux matchs officiels face au Mozambique et au Nigéria : " Si on veut se qualifier, on doit impérativement gagner tous les matches à domicile. Pour aujourd'hui, nous essayerons de compenser la fatigue physique de cette fin de saison, par la fraîcheur mentale ". Voilà un footballeur sûr de lui, de ses qualités et aux analyses justes et claires. Kasraoui peut réussir à Lens parce qu'il a réellement la mentalité et l'attitude d'un pro.