Les Libanais ont voté, les urnes ont parlé, la vérité a éclaté. Quel Liban pour demain ? N'y allons pas par mille chemins : cette question anodine dans d'autres circonstances est pourtant cruciale pour l'avenir du pays et celui de toute la région. Certes le Liban est le plus petit pays de la région, mais c'est un grand pays de par sa culture, ses confessions, son peuple, son identité, son mode de vie, son histoire, une histoire qu'il ne faut plus écrire en lettres de sang. Si cette élection se retrouve autant sous les projecteurs, c'est parce qu'il s'agit du premier scrutin depuis les accords de réconciliation de Doha en 2008, qui mirent fin aux violents affrontements entre milices chiites et sunnites, c'est aussi parce que comme toujours au Liban, les enjeux dépassent de loin le petit périmètre du pays du Cèdre. Le Liban est considéré depuis longtemps comme un champ de bataille où se jouent les influences régionales même si les armées étrangères ont enfin disparu du territoire. Il ne faut plus que les conflits fratricides entre les 17 communautés ethniques et confessionnelles du Liban donnent l'image d'une répétition à l'infini de la même tragédie qu'a connue ce pays. C'est cette histoire qui ne cesse de se répéter, une histoire encore plus préoccupante qu'il faut éviter d'écrire. Quelle que soit leur appartenance politique, les nouveaux députés, qu'ils soient connus, inconnus, ou méconnus, doivent penser libanais uniquement et faire en sorte que leur si beau pays, à l'abri des interférences et des subversions étrangères, loin de tout extrémisme, soit tout à fait maître de son destin dans la paix comme dans la guerre, un Etat fort et non un Etat pris en otage par l'Etat dans l'Etat, un Etat en paix avec lui-même et surtout avec les autres. Il faut que les Libanais mettent fin aux pratiques de ces saboteurs invisibles venus du Liban ou d'ailleurs accusés de perpétuer l'instabilité et empêcher la réconciliation tant souhaitée et longtemps désirée. Les ouvertures du président américain Barack Obama en direction de Damas et de Téhéran, plaident pour un apaisement au Liban et à un retour à ses vieilles habitudes de combinaisons politiciennes. Maintenant que le Liban connaît une nouvelle configuration politique, il faut recoller les morceaux, éviter les dérapages et les dérives. Il faut faire en sorte d'éviter dorénavant tout ce qui a avili l'histoire tumultueuse d'un Liban indépendant bien que convoité, d'un Liban libre mais sans être assujetti. Une entreprise véritablement pathétique mais nécessaire attend les heureux élus. Il s'agit du seul choix d'avenir à faire sinon il ne sera que trop tard.