Le Temps-Agences - Les ministres de la Défense de l'Otan, réunis hier à Bruxelles, sont confrontés à l'impact de l'"américanisation" croissante de leur intervention en Afghanistan, avec pour première conséquence une réforme du commandement à Kaboul. Le président Barack Obama, ayant à son arrivée à la Maison Blanche fait de l'Afghanistan le front prioritaire, a ordonné le renforcement massif des forces américaines dans ce pays. D'ici à la fin de 2009, elles devraient doubler et atteindre les 68.000. En même temps, l'administration américaine a reconnu que ses alliés européens, australiens et canadiens -qui ont quelque 33.000 soldats à eux tous- auraient du mal à suivre ce rythme. Lors d'un dîner jeudi soir avec ses collègues de l'Otan réunis à Bruxelles, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a admis implicitement que cela pouvait déséquilibrer le dispositif. Il "a redit qu'une domination américaine" dans les opérations afghanes "n'était pas dans l'intérêt des Etats-Unis", soulignant que "nous partagions des responsabilités communes", a indiqué à la presse le ministre allemand Franz Josef Jung en marge de la réunion ministérielle d'hier. M. Gates, dans une réunion précédente de l'Otan, avait invité les alliés européens à plutôt renforcer leur coopération civile, y compris dans le domaine de la formation de la police, et leur aide financière au gouvernement du président Hamid Karzaï. Cela ne signifie pas, comme l'a noté le porte-parole de l'Otan James Appathurai, que Washington n'apprécierait pas un envoi de renforts européens "parallèle" à l'effort américain, afin de ne pas provoquer de "déséquilibre" au sein de l'alliance. Mais, à l'exception de 200 militaires allemands, les quelque 2.600 soldats envoyés par l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Espagne pour aider à garantir la sécurité de l'élection présidentielle afghane, sont en mission temporaire. Les deux tiers des troupes étrangères étant américaines, Washington, qui affirme ne pas vouloir faire de l'intervention en Afghanistan "la guerre des Etats-Unis", entend néanmoins "reprendre les affaires en main" a expliqué un responsable militaire de l'Otan. Après explications de M. Gates, les ministres ont donné leur accord "sur les principes généraux" d'un renforcement de la structure de commandement en Afghanistan réclamé par les Américains pour intensifier les opérations contre les talibans, a indiqué le porte-parole James Appathurai. Le "détail de leur mise en oeuvre reste à discuter entre les alliés", a-t-il précisé, mais des diplomates en ont décrit les grandes lignes. M. Appathurai a confirmé que le général américain Stanley McChrystal, commandant en chef de l'Isaf (et de l'opération américaine) s'occuperait dorénavant de la stratégie d'ensemble et superviserait deux autres commandements nouvellement créés. L'un de ces commandements serait confié à son adjoint désigné, le général américain David Rodriguez, pour s'occuper des opérations et de la tactique au quotidien. Un troisième traiterait des aspects formation de l'armée et de la police afghanes. Son titulaire, le général américain Richard Formica, devrait être placé à la tête d'une Mission d'entraînement de l'Otan centralisant les efforts dans ce domaine, et dont les ministres devaient entériner la création hier, a indiqué le porte-parole. Cet officier dirige déjà une structure équivalente dans le cadre de Liberté immuable. M. Appathurai a par ailleurs confirmé que les alliés allaient envoyer "trois ou quatre" avions-radar Awacs pour contrôler l'espace aérien en Afghanistan.