Le Temps-Agences - La réélection du président Mahmoud Ahmadinejad risque de sérieusement compliquer les tentatives américaines pour un réchauffement des relations entre les Etats-Unis et l'Iran. Une défaite d'Ahmadinejad aurait ouvert la porte à une politique moins antagoniste de l'Iran à l'égard des Américains et de leurs alliés. Face au verdict des urnes, les Etats-Unis tentent de relativiser et un responsable du département d'Etat fait remarquer que la politique de la main tendue décidée par Barack Obama ne se fondait pas sur un simple résultat électoral. "Nous allons poursuivre la politique d'ouverture à l'égard du gouvernement iranien quelle que soit la faction qui est au pouvoir", a commenté ce responsable qui s'exprimait avant la publication des résultats. "Il s'agit d'un important revers pour tous ceux qui nourrissaient l'espoir de voir émerger un Iran plus enclin au dialogue", a précisé Bruce Riedel, ancien responsable de la CIA. Depuis plusieurs mois, Téhéran s'applique à faire la sourde oreille aux appels lancés par Obama mais aussi par les grandes puissances occidentales pour trouver une solution au contentieux sur le programme nucléaire iranien. La réunion des ministres des Affaires étrangères des Huit, à laquelle participera la secrétaire d'Etat Hillary Clinton à la fin du mois à Trieste, sera intéressante à suivre. L'Iran a été convié à participer. Un nouveau mandat d'Ahmadinejad pourrait également fournir à Washington un motif de plaider en faveur de nouvelles sanctions contre l'Iran, si Téhéran « s'entête » dans la poursuite de son programme d'enrichissement de l'uranium. "Cette victoire et la fraude apparente compliquent grandement la stratégie d'Obama. Je leur conseillerais de réfléchir à de nouvelles sanctions", a déclaré Elliot Abrams, ancien membre de l'administration Bush. Moussavi avait promis de continuer les discussions sur le nucléaire avec les grandes puissances mondiale s'il était élu président. A l'inverse, Ahmadinejad a exclu de mettre ce sujet sur la table avec les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Malgré cette perspective de fermeture, plusieurs experts font valoir que la politique du "poing desserré" doit continuer à prévaloir. "Quel que soit le vainqueur, il existe un intérêt commun à explorer sereinement les pistes pour mettre fin à une attitude agressive", a jugé Jon Alterman, expert du Moyen-Orient.