Crise politique, crise de confiance, crise d'identité, tout cela est évident, mais en profondeur tout cela est comme une termitière qui ronge les fondements d'un édifice pourtant solide. Il suffit de voir ce qui se passe en Iran depuis la vérité des urnes jusqu'à ce jeudi noir, d'analyser les discours des perdants et des gagnants pour constater qu'il y a une plaie longtemps cachée, profonde et difficile à cicatriser qui a surgi. Divisés depuis longtemps, les Iraniens étalent leurs divisions à la face du monde, ce sont deux mondes différents, deux planètes placées en trajectoire de collision, deux idées absolument inconciliables. Cette collision entre réformistes et conservateurs va fédérer une troisième mouvance, jusqu'ici silencieuse, faite de femmes, d'intellectuels, d'étudiants, qui pourrait pousser le système à reconsidérer sa politique. Qu'on ne s'y trompe pas, qu'on ne s'y méprenne pas, ce qui se passe en Iran offre une place à la satisfaction justement dans le monde occidental. Ce qui se passe en Iran depuis une semaine n'est pas le signe avant coureur d'une révolution, mais une révolte contre ceux qui ont contribué à placer l'Iran en marge de la communauté internationale. Il ne faut pas que ce vote transformé en révolte devienne une bombe minutée qui provoquerait l'irréparable dans un Proche Orient agité, compliqué et traversé par une nouvelle tourmente.