Le constat est plus que choquant, selon le dernier rapport publié par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), une femme meurt chaque minute durant l'accouchement de par le monde, soit 500 mille femmes par an. Principale cause : la pénurie de sages-femmes et des soins nécessaires. La répartition de ce taux de mortalité par région illustre un paradoxe frappant entre le Nord et le Sud. En effet, dans les pays développés, une femme sur 8 mille décède au moment d'accoucher, contre 1 sur 16 en Afrique subsaharienne et 1 sur 7 dans certains pays parmi les plus pauvres de ce Continent. Par ailleurs, la moitié des femmes enceintes dans le monde n'ont pas toujours accès aux soins qualifiés, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud-Est. Selon les statistiques fournies, 40% des femmes dans les pays africains du Sud du Sahara accouchent sans assistance qualifiée, dont 20 à 25% accouchent seules. Toujours selon la même source, le risque de décès ou de complication lors de la grossesse ou de l'accouchement menace la vie de plusieurs femmes dans le monde. Au cours de la dernière décennie, plus de sept millions de femmes sont décédées à la suite de complications pendant la grossesse ou l'accouchement. Selon les experts dans ce domaine, les causes de cette situation déplorable sont dûes notamment à l'absence de visibilité du problème, le manque d'infrastructures médicales, des soins nécessaires et des compétences qualifiées, en particulier les sages-femmes.
Comment lutter ? La formation et le renforcement de l'effectif des sages-femmes notamment dans les communautés et régions enclavées permettront de sauver des millions de vies. A cet égard, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) relève la nécessité de former quelques 334 mille nouvelles sages-femmes dans le but de réduire de moitié la mortalité maternelle et infantile à l'horizon 2015, échéance fixée par l'ONU pour atteindre les objectifs de développement du millénaire (OMD). Ces objectifs visent notamment la réduction du taux de pauvreté de 50% dans le monde et la santé pour tous. Toujours selon la FNUAP, sept à dix ans seront nécessaires pour réaliser cette fin. Les besoins de financement requis ont été évalués à 39 milliards de dollars. Pour la seule période 2006-2007, les 75 pays ayant les taux de mortalité maternelle les plus élevés et qui se situent en Afrique subsaharienne et au Sud-Est asiatique, ont besoin de pas moins de 6 milliards de dollars.
SOS financements Les engagements pris par les pays développés portent sur la réservation de 0,7% de leur PIB à l'aide au développement des pays pauvres tandis que les pays africains ont promis de porter la part de leur budget réservé à la santé jusqu'à 15% dans les années à venir contre 2 à 3% actuellement. Ces pays se sont engagés également à mettre en place des stratégies nationales de formation de sages-femmes. Ainsi, le FNUAP prévoit des financements de l'ordre de 39 milliards de dollars pour la période allant de 2006 à 2015, dont 13 milliards pour le prochain quinquennat afin de réduire la mortalité infantile. La moitié de ces financements, sera réservé à l'Afrique sub-saharienne.
Le cas de la Tunisie
Dans son rapport, le FNUAP s'est félicité des progrès réalisés dans le domaine de la santé (le développement des établissements hospitaliers, l'amélioration de la qualité des soins, l'investissement dans la formation des compétences,...) dans certains pays comme le Costa Rica, l'Egypte, la Malaisie, l'Afrique du Sud, le Sri Lanka, la Thaïlande et la Tunisie. En Tunisie, les efforts entrepris dans ce domaine se reflètent, notamment, à travers l'évolution du taux de la couverture sanitaire, l'intensification de l'utilisation des technologies médicales de pointe dans les différents établissements hospitaliers, la généralisation des spécialités médicales de base dans toutes les régions du pays, la création de nouveaux établissements de santé et le renforcement de leurs équipements et de leurs moyens financiers et humains, en plus de l'encouragement de la recherche scientifique et de la formation continue. Le financement du secteur de la santé a fait, pour sa part, l'objet de plusieurs mesures et dispositions pratiques. Elles concernent, essentiellement, l'augmentation de la part du PIB consacrée au secteur de la santé, qui passe de 4,2% en 1985 à 5,6% en 2004, alors que la part de la participation de l'Etat aux dépenses globales de santé a presque quintuplé, entre les années 1985 et 2000, évoluant de 285 millions de dinars en 1985 à 1960,4 millions de dinars en 2004. Dans le même cadre, le volume moyen des dépenses de santé par habitant et par an a connu une évolution continue, passant de 39 dinars en 1985 à 1997,8 dinars en 2002. Les efforts fournis dans ce domaine, ont permis d'enregistrer des indicateurs en évolution constante, d'une année à l'autre, notamment, au niveau de l'espérance de vie qui est passée de 69 ans en 1985 à 73,4 ans en 2001. Le taux de mortalité infantile a baissé de 51,4 pour mille en 1956 à 20,5 pour mille et le taux d'accroissement de la population a été réduit, passant de 2,3% en 1987 à 1,08% en 2004. En outre, le nombre de médecins par habitant est passé de un médecin pour 2234 habitants en 1987 à un médecin pour mille habitants en 2004.