Le Temps-Agences - Les Etats-Unis et l'Afrique du Sud "travaillent ensemble" pour "un Zimbabwe libre", a affirmé hier à Pretoria la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, marquant un tournant dans les relations entre les deux pays après des années de dissension sur le sujet. "Nous travaillons ensemble pour que se réalise la vision d'un Zimbabwe prospère, libre et démocratique", a déclaré Mme Clinton, qui effectue sa première tournée sur le continent africain depuis la mise en place en janvier de l'administration de Barack Obama. "Nous allons nous consulter étroitement pour définir la façon de répondre à une situation très difficile pour l'Afrique du Sud et pour les Etats-Unis, mais aussi surtout pour le peuple du Zimbabwe", a-t-elle ajouté lors d'une conférence de presse commune avec son homologue sud-africaine Maite Nkoana-Mashabane. Ces déclarations semblent signaler l'ouverture d'un nouveau chapitre dans les relations entre Pretoria et Washington, deux pays où des élections ont récemment porté au pouvoir de nouvelles équipes. Au cours des dernières années, des dissensions entre les Etats-Unis et l'Afrique du Sud étaient apparues sur le dossier zimbabwéen, l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki (1999-2008) étant perçu par Washington comme trop conciliant vis-à-vis du chef de l'Etat zimbabwéen Robert Mugabe. D'autres désaccords portaient sur l'invasion américaine en Irak et la lutte contre le sida, alors que l'Afrique du Sud est le pays au monde le plus infecté par ce virus avec près de six millions de malades. "Nous avons reconnu aujourd'hui" que lors des huit dernières années, "la plupart du temps nos relations n'ont pas été correctement coordonnées", a admis hier la chef de la diplomatie sud-africaine. "Nous voulons qu'ils (le gouvernement d'union zimbabwéen) accélèrent la mise en oeuvre de l'accord" de partage du pouvoir signé en septembre 2008 par le président Mugabe, réélu en juin lors d'une élection controversée, et son principal opposant Morgan Tsvangirai, a-t-elle ajouté. Les pays occidentaux sont très critiques depuis des années vis-à-vis du régime Mugabe, au pouvoir depuis 1980 et dont le pays est plongé dans une crise économique sans précédent avec 94% de la population active au chômage. En dépit de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale en février, dirigé par M. Tsvangirai, les violences politiques se poursuivent en outre dans le pays. M. Mugabe est interdit de séjour aux Etats-Unis et dans l'Union européenne, où ses avoirs ont aussi été gelés. Ces sanctions s'appliquent aussi à son épouse Grace et ses proches. Avec ces sanctions, "on essaie de viser les leaders du Zimbabwe" proches de M. Mugabe, "sans blesser le peuple du Zimbabwe", a déclaré Mme Clinton, avant de rencontrer le premier président noir sud-africain et prix Nobel de la paix, Nelson Mandela. Elle devait ensuite s'entretenir avec des hommes d'affaires sud-africains et se rendre dans une clinique où sont soignés des malades du sida. Aujourd'hui, elle rencontre le président sud-africain Jacob Zuma, avant de s'envoler demain pour l'Angola voisin.