-La Tunisie produit plus de pois chiches, de fèves et de lentilles. Les progrès réalisés sont tangibles. Encore, faut-il intégrer l'impératif technologique, par ailleurs, quelque peu controversé. Des scientifiques des quatre coins de la planète sont réunis jusqu'à jeudi pour discuter des nouveaux défis de la culture des légumineuses. C'est la première fois que le « Model Legume Congress » se tient en Tunisie, mais surtout dans un pays en émergence. Comme quoi, l'expertise et les avancées des agriculteurs tunisiens commencent à être reconnues.
Ce sont trois des ingrédients les plus utilisés dans les mets tunisiens : les pois chiches, les fèves et les lentilles. Ces légumineuses sont à la base même de l'alimentation de la population et pas seulement ici. Partout dans le monde, la culture des légumineuses alimentaires permet de nourrir des familles entières. C'est pourquoi, 140 scientifiques provenant de 25 pays ont décidé de se rassembler pour parler des nouveaux défis agricoles. Avec l'avancée des recherches en biotechnologie et en génétique, il est maintenant possible de mieux cultiver les légumineuses. Le défi des prochaines années sera maintenant de préserver les variétés et d'adapter les cultures aux conditions climatiques difficiles des zones arides.
En Tunisie, les chercheurs, les agriculteurs et les représentants devront plus particulièrement essayer d'atteindre trois grands objectifs. D'abord, ils devront implanter de nouvelles technologies pour permettre une meilleure production agricole plus efficace et plus rapide. Ensuite, il faudra voir à assurer la sécurité alimentaire pour éviter les maladies et limiter les contagions. Il sera alors plus facile de développer un marché d'exportation. Enfin, il faudra voir à moderniser les secteurs de production à l'aide des biotechnologies. L'introduction de nouvelles variétés de légumineuses pourra permettre d'offrir des produits différents et plus résistants. Rassurez-vous, cela ne devrait pas changer le goût de votre couscous !
Les chercheurs essaient justement de développer la culture des légumineuses tout en respectant les normes environnementales et éthiques. Ces dernières années, la combinaison de gènes et le développement des organismes génétiques modifiés (OGM) ont soulevé une multitude de questionnements. D'un côté, les consommateurs craignent qu'il n'y ait un danger sur la santé humaine. D'un autre côté, les agriculteurs se demandent s'il y a des risques que leurs terres soient affectées. Les scientifiques sont donc très soucieux de pouvoir répondre à leurs interrogations et de calmer leurs craintes. Ils sont conscients des risques éventuels, mais demeurent confiants de pouvoir assurer la qualité tout en améliorant la culture des légumineuses. Leur principale préoccupation est d'aider les populations locales à développer de nouvelles techniques agricoles pour mieux subvenir aux besoins alimentaires.
Les recherches scientifiques ont d'ailleurs déjà permis aux agriculteurs tunisiens de modifier leur technique pour être plus productifs. Des recherches réalisées par l'Institut national de la recherche agronomique de Tunisie (INRAT) ont démontré que les mauvaises herbes limitaient considérablement la production des légumineuses principalement dans les gouvernorats de Jendouba, Béja et Bizerte, dans le nord du pays. Les mauvaises herbes pouvaient faire perdre jusqu'à 100 % des récoltes des pois chiches et des lentilles qui n'étaient pas sarclées. À vrai dire, l'utilisation des charrues tirées par un animal ne permettait pas d'éliminer efficacement les mauvaises herbes contrairement à l'utilisation d'engrais chimiques ou du sarclage à la main.
En procédant à de petits changements et en modernisant leur équipement, les agriculteurs tunisiens ont ainsi réussi à améliorer le rendement des cultures de légumineuses. Avec l'aide du Centre international de recherches agricoles dans les zones sèches (ICARDA), trois nouvelles variétés de pois chiches et deux de lentilles ont aussi été implantées. Malgré cela, la production de légumineuses a tendance à stagner depuis quelques années au pays. En moyenne, un peu plus de 65 mille hectares de terres cultivables sont utilisés chaque année.